Peu portés vers le rock, les Doors iront chercher leur source d’inspiration dans le rythm’n’blues. Ils auraient pu devenir un groupe lambda de la scène acid-rock de la fin des années 60, se contentant de jouer des reprises de Booker T. & The MG’s où de « Louie Louie », très en vogue ces années-là. C’était sans compter sur l’insupportable Jim Morrison, l’homme qui découvrit que les « portes de la perception » pouvaient le mener, avec ses acolytes, vers des horizons infinis. Ensemble, ils écriront, à en croire nos correspondants étrangers -et quelques locaux-, l’une des plus fameuses pages de l’histoire du rock, phénomène éminemment contre-culturel comme chacun sait.
Retour à la musique. Cette compilation améliorée (tendance enrobage soigné : livret photos + live + inédits + reprises… n’en jetez plus ! Mais sans contenu décisif. Et avec, en prime, une escroquerie monumentale : la compilation des titres, sur l’un des quatre CD, que ces messieurs les survivants préfèrent) enfonce le clou. Dans cette bizarrerie comico-commerciale, et à bien des égards superflue, les instants sublimes se font rares. Ce sont pourtant les joyaux d’un groupe qui céda trop souvent à la niaiserie et au pompier (l’insupportable Rock is dead) : Orange county suite, I will never be untrue côté inédits, Crawling king snake côté live, et Hyacinth house et Moonlight drive pour les démos. Ces titres âpres, pour certains directement issus du blues, ont notre préférence.
Ainsi, entre deux délires érotico-mystiques, Jim Morrison, un peu vite consacré demi-dieu de la révolte adolescente, a livré en pâture à un public hagard une poignée de chansons-poèmes (il est encore permis de douter de ce dernier mot) dont l’influence s’est fait sentir sur les générations qui ont suivi. Les drogues et l’alcool ne lui ont pas laissé le temps de poursuivre l’aventure. Le reste appartient au phénomène de foire.