Si son ambition était d’apporter les bonnes paroles aux foules indifférentes, alors c’est clair on est carrément d’accord avec Neil Hannon : The World must listen pour paraphraser le titre d’une vieille compile des Smiths. Sur le principe bien sûr, car autant certaines compiles sont dispensables vue la qualité artistique du compilé, autant d’autres offrent un bon compromis entre les desiderata inéluctables du marketing et la mise en orbite de l’artiste talentueux. Neil Hannon a en effet très vite frappé fort avec quatre albums (excusez du peu) époustouflants, alliant brillamment la perfection pop d’une maîtrise mélodique aux incursions symphoniques.
Mais avec Fin de siècle, sorti l’année dernière, on avait trouvé Divine Comedy un peu réchauffé. Or, ce qui est caractéristique dans cette compilation, c’est qu’elle maintient un très bon équilibre entre les cinq opus. Seule réserve, les inédits (dont Gin soacked boy) et ré-enregistrements censés motiver l’achat du fan (au cas où les charts bouderaient l’objet) sont limite faiblards. Ce qui montre bien cette baisse d’inspiration constatée sur Fin de siècle.
C’est vrai, on est un peu dur pour le sympathique Neil, mais il faut dire à sa décharge qu’il a placé la barre très haut à sa naissance, ce qui fait tout de même de A Secret history une classieuse collection de 17 morceaux de haute tenue. Ce n’est pas si mal vue la courte carrière du tintin du rock. Bref, la synthèse effectuée est bonne. Mais on imagine que le choix a dû être cornélien. De fait, les titres de Liberation (Your daddy’s car et l’impressionnant Lucy) dominent sur les autres œuvres choisies. Et sans tomber dans les querelles de chapelles, laissons paraître là une certaine frustration de ne pas trouver certains morceaux qui auraient davantage eu leur place que d’autres dans cette compilation. On pense notamment à When the lights go out all over Europe (du deuxième album) ou Geronimo. Ou pour en revenir à Liberation, Bernie bobs her hair ou Queen of the South.
Pour le reste, rien à dire : A Secret history, en remettant les pendules à l’heure, clôt un chapitre, et peut-être un cycle (Divine Comedy a signé chez EMI). Alors, puisqu’il en est ainsi, saluons la virtuosité mais espérons maintenant de la part de Neil Hannon moins de démonstration pour retrouver des émotions, voire un esprit un peu plus épuré et moins clinquant. Du brut de décoffrage en somme. Car avec le recul, Divine Comedy, c’est certes de magnifiques pièces, mais qui ornent aujourd’hui une maison sans âme.