The Baby Namboos n’ont de baby que le nom. En effet le noyau dur du groupe est constitué d’un duo rassemblant deux vieux de la vieille de Bristol au bon vieux temps où les tensions n’existaient pas dans la ville entre les divers courants issus de la Wild Bunch. Une Wild Bunch qui a donné naissance à nombre de musiciens ayant bercé nos nuits lorsqu’elles étaient douloureuses depuis les premiers hivers de cette décennie finissante. Comme s’il fallait jeter une dernière salve avant la mort définitive du trip hop, Baby Namboos sort donc son premier album (après quelques maxis) sur le label Durban Poison de Tricky. Tricky, voilà la filiation ! A tel point que Mark Potter et Leo Coleing, loin d’apparaître comme des petits jeunes nés de la dernière pluie, semblent plutôt être de véritables ancêtres alors qu’ils nous content dans leur album Ancoats 2 Zambia les aventures de la tribu comme s’ils les vivaient encore aujourd’hui.
Amis de longue date de Massive Attack, Nelle Hooper, Smith & Mighty, Tricky (Mark Potter est en fait son cousin et Leo Coleing fut engagé par Tricky comme garde du corps il y a deux ans) et Geoff Barrow (avec qui Leo Coleing était très lié dans leur cité de Amandale Road à Portishead), Mark Potter et Leo Coleing ont donc une longue expérience du son typique de Bristol. Cependant, contre toute attente et même si on ressent la filiation avec le génie à la gueule cassée de boxeur (notamment quelques rappels de son premier album Maxinquaye en 1995), le duo sait créer son univers sonore personnel.
Sans doute parce qu’il ne s’encombre pas d’une quelconque qualité sonore comme le feraient la plupart des tenants d’une trip hop propre et bien repassée. En fait, l’album a été enregistré dans un hangar, souvent en une seule prise et sans tenir compte de l’avis d’un producteur. C’est fait « à la maison » (« back to Bristol again » sur Intro qui… ouvre l’album !), avec les moyens du bord (des boucles très organiques -roues de vélo et plaques métalliques sur Ancoats 2 Zambia– constituent la base de presque tous les morceaux) et s’il n’y avait pas la voix soul de toute beauté de Zoe (de son vrai nom Aurora Borealis) et la participation vocale au rap de « maître » Tricky, on pourrait croire à un piège sonique réalisé par quelque tâcheron copieur produisant une œuvre « à la manière de ».
Ce qui n’est finalement pas le cas puisque Baby Namboos se dévoile plus avant par la présence de l’Afrique (les rythmiques de Get your head down et de Late night antics, les incantations de Zoe sur Trials and tribulations) et un côté soul omniprésent. Certes, la voix de Zoe y fait beaucoup mais pas seulement et c’est en se concentrant sur les sons de synthés et de guitares vintage que l’impression de légèreté soul nous fait nous lover dans un cocon sonore proche de l’univers amniotique.