Dernier album de Kevin Martin, l’homme de God, de l’excellente compilation Ambient isolationism et du terrorisme fin de siècle. Dix morceaux, dont cinq remixes par la crème de l’électronique actuelle : Porter Ricks, Ui, Spectre, Tortoise, Alec Empire. Les remixes sont bons mais curieusement, sur la longueur, ce sont les morceaux originaux qui sont les plus intéressants. La recette est connue : ambiences lourdes, fréquences et textures sonores inquiétantes, dubs bruitistes de pyschopathe et martèlements distordus : bande son de la société industrielle et urbaine, comme des Swans avec des synthés et des séquenceurs.
L’histoire des remixes est celle d’un aller-retour destiné à torturer de plus belle la musique : après le travail des remixeurs, Kevin a repris les morceaux à sa sauce. Du double remix, donc, dont on ne sent pas toujours les effets. Celui de Porter Ricks travaille le son, il est intéressant mais limite ennuyeux ; celui de Ui est amusant, tel une comptine déconstruite, froide et méchante ; celui de Spectre n’est pas passionnant –on s’attendait à mieux après l’excellent album sur Wordsound ; celui de Tortoise est » concret « , dub en diable et assez virtuose : ils plaira aux fans de Tortoise ; celui d’Alec Empire est terriblement violent, pas très original, mais toujours marquant. Il aura quand même notre préférence, parce qu’il ne peut pas laisser indifférent et qu’il est d’une efficacité sans pareille. Empire a d’ailleurs signé un de ses titres les plus révolutionnaires sur » l’autre » compilation de Martin : Macro dub infection 2.
L’ensemble est de qualité, bien sûr, mais légèrement décevant, vu le talent des intervenants. Certainement pas le meilleur de Kevin Martin donc, en tous cas le plus accessible, grâce à une médiatisation accrue et au crédit dont bénéficient actuellement les remixeurs présents. Une petite question pour finir : où est Justin Broadrick dans tout ça ? On aurait aimé entendre Godflesh faire plus lourd que lourd dans tout ce fatras digital qui risque malheureusemnt de vieillir plus vite qu’on ne le croît…