Avec Tanger, danger ! Situer ce collectif à l’avant garde d’une certaine scène rock française, aux côtés de Ulan Bator, Bastard ou Tone Rec n’est pas faux, simplement Tanger diffère des susnommés par ceci : la plupart de leurs morceaux sont chantés -en tout cas ils comportent des paroles- ; cela ne fait pas pour autant de leur musique une musique facile d’accès, au contraire. D’ailleurs, on peine du coup à distinguer dans leur morceaux ce qui est en somme « naturel » et ce qui pourrait apparaître comme « forcé », tant leurs intentions restent voilées. Tanger, groupe intello ? Disent-ils, et on se demande ce que viennent faire là certaines poses un peu trop estampillées « tendances » telles que Chloè des Lysses, musique + paroles sous influence Gainsbourg salace en forme d’ode à la dénommée Chloè des Lysses, égérie porno prise comme prétexte. Prétexte à quoi ? A démontrer, sans doute, que tout est bon dans la culture -au sens très large- comme dans le cochon, et qu’on peut avoir des prétentions en traitant des sujets tels que celui-ci.
Il est vraiment dommage que l’attitude de Tanger soit si empreinte de ce genre de revendications, car ailleurs, comme sur L’Explication, Man story, L’Auréole ou Mouvement 4e, l’inconsolence, les choses coulent d’elles mêmes, et ces garçons peuvent montrer leur qualités d’instrumentistes et même temps qu’un esprit fertile en trouvailles sonores. Ailleurs –Facel Véga, Camille III– ils restent empêtrés dans des références musicales absurdes ou obsolètes, et dans cette forme de vantardise mi-voyou mi-génie qui leur va si mal. Un méchant coup de bluff sans doute. On attend de les voir revenir avec un peu plus de sobriété et d’humilité au prochain virage.