Attention danger, Sylvain Vanot est le nouveau représentant de la culture rock française à textes -et prises de tête. Ce n’est pas lui faire un cadeau que l’affubler d’un tel titre. On sait bien qu’en France, on travaille moins bien (et ce dans tous les domaines) avec la pression sur le dos. Généralement, il faut mieux attendre la divine surprise que vouloir la provoquer. Or sur Egérie, de divine surprise, point. Vanot est allé à Nashville façonner ses drôles de morceaux avec Robb Earls, metteur en son attitré de Lambchop. Il semblerait que le voyage ne lui ait pas vraiment réussi : tantôt il reste à la porte de ce musée du souvenir -à de rares exceptions près, comme Lambchop, tiens- qu’est devenue la ville mythique du Tennessee, tantôt il rudoie si bien les meubles poussièreux que la couleur sonore locale reste quasi imperceptible à l’oreille.
Ah certes ! on ne peut pas dire que Sylvain Vanot manque de panache, un panache bien sombre d’ailleurs, mais de là à faire d’Egérie la compagne de nos nuits sans sommeil, il y a encore un bout. Mary, ville morte est l’exemple parfait du problème qui saisit l’auditeur : on est d’abord attiré par la noirceur, le texte, l’atmosphère qui surgissent du morceau, puis c’est comme s’il se refermait, à la façon d’une huître sur sa perle… et du coup, c’est nous qui restons à la porte.
Il serait peut-être mal choisi d’affirmer péremptoirement que les voies de Vanot sont impénétrables. Mais il persiste néanmoins que tout au long de l’album, on essaie de s’abandonner quelque peu à Dis moi pourquoi, M’éloigner de toi, Je te voulais ou C’est dans la tête, mais justement, ça n’y rentre pas, la communication est comme coupée. Car en échange de sa confiance, on attend des morceaux qu’ils se livrent un tout petit peu et rien ou presque ne se passe. C’est horriblement frustrant au mauvais sens du terme, car on n’a pas l’impression ici que cette retenue totale soit voulue. Non, on n’ a pas encore trouvé notre Egérie.