Que Tim Gane, Laetitia Sadier et les autres se rassurent, Stereolab est toujours à la pointe de la pointe, en tout cas pour ce qui est des fréquentations et des collaborations. Ce nouvel album a été pour partie enregistré à Chicago sous la houlette de John « Tortoise » McEntire, l’autre moitié ayant été mise en boîte à Düsseldorf avec l’aide de Andy Toma et Jan St Werner, alias Mouse on Mars. Rien que ça. Le problème, c’est qu’en dehors de ces prestigieux alliés, Dots and loops est désespérément creux : pauvre en musique, vide de sens, il semble être un patchwork mal fini de tous un tas d’influences réutilisées telles quelles, c’est-à-dire pas le moins du monde assimilées, de Tortoise et Mouse on Mars jusqu’à la musique sud-américaine et brésilienne en particulier (pour ce qui est des harmonies vocales et l’ambiance générale des morceaux). Mais ce n’est pas à ce prix que Stereolab s’attirera gloire et reconnaissance, si ce n’est auprès de quelques aficionados que cet éclectisme érudit impressionne (n’oublions pas également les morceaux chantés en français, très hype ça). Il n’y a donc pas grand chose à se mettre sous la dent, si ce n’est de louer une production en effet irréprochable, car tout de même, McEntire et Toma sont de grands façonneurs de sons.
S’il faut sauver quelque chose, épargnons Parsec pour sa rythmique aimablement jungle, ses « chica-chica » copacabanesques et ses cuivres jazzy millésimés fin be-bop, Miss Modular, le single et Contronatura qu’on entendra certainement dans les supermarchés virtuels et les ascenseurs de nos stations orbitales le siècle prochain ou celui d’après.