Kenny Burrell, Horace Silver, Bobby Timmons : les trois reprises choisies par Stefano di Battista pour le répertoire de ce nouveau disque, le premier depuis trois ans, disent bien le genre du côté duquel il va fureter – le jazz soul, style dont les deux remarquables albums de son compère Eric Legnini (qui, comme il se doit, est de la partie ici aussi) ont récemment rappelé l’actualité. Dès les premières secondes (I will love you, composition originale du leader, qui les signe toutes), le ton est donné : orgue Hammond groovy et voluptueux (Baptiste Trotignon), guitare soul à souhait (Russell Malone, impeccable), tournerie bien balancée (Eric Harland à la batterie, terriblement efficace, sautant sans cesse des chaloupements du ternaire à l’intensité des plans binaires), on est en plein dans l’héritage des maîtres du genre – Silver ou Burrell, donc, mais aussi Jimmy Smith ou Lou Donaldson. En guise d’ingénieur en chef, Battista s’est offert les services du producteur Michael Cuscuna : « Pour la première fois, j’ai accepté d’être guidé pendant un enregistrement, raconte-t-il. Cuscuna me rassurait : il possède l’art des peintres qui, d’un seul coup d’œil, parviennent à maîtriser une grande toile ». De fait, Trouble shootin’ a ce petit côté « première classe » qui signale la patte du vrai professionnel : construction parfaite, mélanges subtils, surprises et frayeurs en dose raisonnable, aucune faute de goût à l’horizon, costume de bonne coupe et pochette élégante pour tout le monde. L’énergique trompettiste Fabrizio Bosso bouillonne, la flûte de Nicola Stilo entrelace des arabesques dolphyennes aux deux cuivres dans le bien nommé The Serpent’s charm ; quant à Battista, il survole son disque avec son aisance habituelle, aussi agile et virtuose au soprano qu’à l’alto, changeant de vêtement avec une grâce de transformiste (jazz pop façon sixties à la Lou Donaldson dans The Jody grind, bossa langoureuse et délicieusement cliché dans Echoes of Brazil, clins d’oeil orientalisants façon Caravan dans Essaouira). Bref, un album impeccable et varié qui, à n’en pas douter, connaîtra de forts excitants développements sur scène. Ca tombe bien, Battista et son groupe commencent une tournée européenne à la fin du mois d’octobre.
Stefano di Battista – Trouble shootin’
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