Avec ce deuxième album, Luke Gordon, tête pensante de Spacer, s’impose comme une des signatures majeures de Pussyfoot. Plus de cordes, plus d »arrangements, plus de musiciens ! Sa musique, chaleureuse et indolente (écouter le magnifique Pseudomorph) manie à merveille l’électronique et l’acoustique, un peu à la façon du récent Not for Threes de Plaid, en plus jazz / soul. Si breakbeats il y a, ils rappellent plus de grandes scènes d’actions hollywoodiennes que le tout-venant de la jungle au kilomètre. Beaucoup de chant aussi (trés Björkien, c’est dans l’air du temps), plus en tant qu’instrument supplémentaire au service d’ambiances crépusculaires que comme fil directeur des titres. Ce qui fait impression chez Spacer, c’est la qualité et la souplesse de la production qui donne allure et finesse aux chansons, tigresses emmitouflées de fourrure, héroïnes de polar à Casablanca.
On l’aura compris, Luke Gordon aime beaucoup les musiques de films. La sienne est plutôt réussie (malgré quelques facilités) : c’est vrai que c’est cool un vibraphone, un orgue Hammond, une Fender Rhodes quand ce n’est pas toc ! Pas ici. …Evidemment, on ne peut plus parler à ce sujet de Trip-hop : trop réducteur (on n’aurait jamais du en parler, d’ailleurs). Ainsi, discrètement, patiemment, Luke Gordon construit sa maison. Il a suffisamment d’idées et de bons amis pour la rendre accueillante et confortable (ah ! ces tapis de velours, ces percussions, ces basses !). Mettez-vous à l’aise. Installez-vous. Le film va commencer.