Le jeune homme qui se cache derrière ce pseudo et ce premier album s’appelle Dirk Dresselhaus. Il est allemand. Il fait de la techno mélodique. Alors, évidemment on pense beaucoup à Mouse on Mars en écoutant son disque. On y pense même énormément. Pour ses rythmiques concassées, ses synthés wa-wa-isants et son thérémin qui mettent tant d’exotisme dans l’électronique actuelle, souvent nostalgique des disques de Martin Denny ou de Les Baxter, avec une mélancolie toute contemporaine en plus, comme dans le morceau Eiweiss. Qu’est-ce que l' »eisweiss » ? C’est selon l’auteur « le blanc dans l’oeuf dur (…), ce qui brûle dans le sang, l’essence de la vie, en un mot : l’ENERGIE ! L’énergie ? Pourquoi pas. De l’énergie, on en trouve sur des morceaux comme Masters ou Uptight, qui rappellent la house crunchy de Conemelt ou la techno carrée mais pas bête de Ken Ishii, autre fana notoire d’exotisme futuriste. On en trouve sur Moonboots, une tranche de funk qui ne s’en laisse pas compter.
Mais comme l’animal est moderne, il y a dans Raum im ort des drippings de cordes à la Jackson Pollock, des dégoulinades de trouvailles sonores sur une rythmique post-rock à la To Rococo Rot. Et comme être moderne, c’est souvent être amer, il y a Starfuck, croisement réussi entre le merveilleux Frosch de Mouse on Mars (encore eux) et My Bloody Valentine. On se dit : tiens ! De l’électronique avec des guitares noise ! Pas mal ! Et puis : tiens ! une rythmique casio comme à la maison avec des airs pop qui restent en tête ! Décidément, ce jeune homme a des idées. Et, malgré l’avalanche de références qui précède, une personnalité. On le surveillera donc de près. En attendant qu’il tue ses idoles.