Le rap français est mort ! Trop de compromissions, trop d’argent, trop de pression ! Saïan Supa Crew arrive pour batailler sur la scène hip-hop française à l’image de son héros d’enfance (Saïan est un personnage du manga Dragon ball Z). L’exercice n’est effectivement pas facile car lorsqu’on opte pour la diversité, on reste souvent incompris. Six garçons issus de trois groupes différents ont mis en commun, il y a 2 ans, leur savoir-faire afin de proposer leur version du hip-hop. 17 titres et une heure et quart, c’est ce dont on a besoin quand on a l’ambition de ne pas faire un disque rap de plus mais un album hip-hop en moins (à faire). Loin des productions monocordes, KLR revendique une diversité évidente reflétant les influences du Saïan, ainsi que leurs origines.
On passera allègrement de titres rap à des morceaux ragga tout en faisant une pose zouk qui hésite entre la parodie et le morceau de qualité… une parodie de qualité ? Vous voulez vous prendre pour Barry White (comme le dit un des Saïan à la fin du titre), préférez le titre Soul mwa pas agrémenté d’une voix féminine langoureuse. Ne passez surtout pas à côté du morceau Pitchy & skcratchee show. C’est une démonstration comme on les aime qui sert en réalité de support à une dédicace grandeur nature. Sur fond de human beat box, on nous assène des bribes de titres français et américains. On regrettera par contre la trop courte durée de la reprise Ring my bell. Un délire qui n’a peut-être pas été poussé à son maximum. Saïan Supa Crew entre dans le cercle très fermé des groupes hip-hop qui reprennent des hits disco en beat box. Le dernier titre, sur des rythmes bossa nova, rend hommage à un des Saïan, disparu. Les membres du groupe dévoilent leurs sentiments pudiquement et avec beaucoup de classe.
Malgré les apparences (pochette du disque et nom du groupe), vous aurez compris que le Saïan n’essaie pas de singer leurs confrères d’outre-Atlantique. Le crew n’est pas dépourvu d’humour, lui ! On ne sait parfois plus à quel degré prendre ce qui nous passe entre les oreilles. Les traditionnelles intros et autres pauses en cours d’album sont ici discrètes (au nombre de trois). Sur une heure et quart, ça aurait pu être pire ! Il y en a marre de ces albums de 45 minutes dont 30 de bavardages.
Des artistes qui explosent sans rien apporter à l’âme du hip-hop français, c’en est assez ! On a beau prétendre venir d’un « ministère », mais le résultat est là et est plutôt triste… Et si on faisait une place à l’humour, à la diversité et à la mélodie ? Non ! Le rap français n’est pas mort !