Un public jeune (13 à 20 ans), métissé, féminin (50 % de filles), est venu de toute la région parisienne assister au premier Zénith du Saïan Supa Crew (SSC), annoncé complet depuis deux semaines. Beaucoup sont habillé(e)s en jaune, comme le Saian l’avait demandé. Peu de joints, peu de cailleras aux regards parano-cannabiques. La soirée ressemble à une immense fête de lycée, chargée d’une énergie toute adolescente où prédomine le désir de voir les nouvelles idoles du rap français.
Après deux premières parties inégales (China, solaire mais trop MCM et un collectif de breakdancers mi-breakers fous, mi-boys band), un déluge de sons et lumières provoque une hystérie générale. Le Saïan Supa Show commence. Un garçon de 7 ans, soulevé par son père, crie émerveillé : « Regarde, c’est Feniksi ! »
Sur la grande scène du Zénith, les six MC’s ont enfin trouvé l’espace nécessaire pour déployer leur corps et leur talent. Depuis le premier showcase au Folies Pigall’s en octobre 99, leur jeu de scène s’est considérablement étoffé. La symbiose du crew est totale. Le public dans les gradins est debout, 6 000 personnes sont magnétisées par l’extraordinaire diversité du répertoire : hip-hop (J’adore ça, Pitchy and Scratchee), zouk (Angela, en passe de devenir un classique de la chanson érotique), reggae (Que dit-on ?), ragga (Ragots) jump up, mais aussi sketches, improvisations, discours-rap et set de DJ avec en invités l’Original Scratch Action. Le spectacle est total, les enchaînements se font avec une insolente facilité. Au sein de ce groupe fusionnel, Feniksi et Leeroy Kesiah impressionnent par leur flow précis et rapide, même si Feniksi trébuche sur l’intro du Malade imaginaire, déconcerté par une fan hurlant les paroles à sa place. Ici, presque tout le monde connaît l’album par cœur. Puis, Sly rivalise de virtuosité avec Leroy dans un défi de human beat-box hallucinant. Specta, Vicelow et Sir Samuel ne sont jamais en reste. Seul manque KLR, à qui il sera pourtant rendu hommage ce soir.
Deux heures plus tard, la tornade SSC a laissé le public comblé. Les six MC’s ont su recréer l’ambiance hip-hop des premières block parties, dans lesquelles ados et enfants se réunissaient pour passer du bon temps, naturellement, sans masque et sans hype.