Ce qui est bien, avec ce deuxième véritable album de Red Snapper -si l’on excepte une compilation de singles-, c’est qu’il ne va sans doute pas laisser grand monde indifférent. On entend déjà d’ici les puristes cracher à la gueule des trois Anglais, leur reprochant la manque d’orthodoxie de leur musique, leurs infidélités prononcées au monde de l’électronique. C’est vrai, ils sont sur Warp, le label de LFO, Autechre, Squarepusher et quelques autres maîtres de la boucle; alors, ces instruments branchés à des amplis qui swinguent et qui grognent, qui offrent leur saine chaleur en plein milieu de l’igloo ; ça fait un peu désordre.
Mais pour tous les autres, ceux qui tolèrent Jimi Tenor, lui aussi dans le Temple Warp, ou qui vénèrent Massive Attack justement pare qu’ils ne se laissent apprivoiser par aucune chapelle musicale, ce Making bones est « vivement recommandé », comme on écrit désormais dans Libé. Il ne faut pas parler de fusion, mais de savant mélange des genres (jazz -certes, mais ces garçons en ont pas mal tâté avant de s’attaquer à leur premier sampler-,techno, rock velouté, funk androïde), d’alliance majeure de la machine et des instruments classiques plutôt que d’opposition mineure. Le résultat est une bombe, et ceux qui avaient jeté une oreille sur le single annonciateur, Bogeyman, ne seront pas déçus. D’un bout à l’autre de cet album, la surprise et le plaisir sont au rendez-vous, et il y a fort à parier que la richesse sonore de ce disque nous réchauffera une bonne partie de l’hiver…
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