Personnellement, j’ai toujours trouvé que Prodigy produisait une musique particulièrement merdique. Borborygmes rythmiques et bouillies sonores ne m’ont jamais semblé faire honneur à l’intelligence de l’auditeur. Sans parler des looks stupides du groupe (cheveux verts en pétards, déguisements SM et sourires de jokers). Bref, au risque de paraître réac, le groupe de Liam Howlett (resté seul du combo original) m’a toujours paru parfaitement ridicule, et sa musique sans intérêt. L’attrait de la nouveauté a sans doute pu faire illusion en 1996, époque du premier hit (Firestater), quand débarquaient aussi gros beats et frères chimiques, et qu’on apprenait à marier la froideur clinique de la techno à l’énergie volcanique du rock (quoique je ne suis pas sûr qu’un tel mélange ait été un jour judicieux). Mais le temps apporte la fatale confirmation du néant que tout cela tente bruyamment de camoufler. Quelques rythmes martiaux et brutaux torchés sans vergogne, des lyrics réduits à l’état de slogans débiles (Get up, get off) sur des productions lourdes et répétitives, et voilà un album qui ne dépareillera pas les bacs des soldeurs cet hiver.
Une pochette très laide, pas de mélodies, beaucoup de bruit pour rien, quelques efforts à peine amusants de production (un morceau qui commence au son du « click » métronomique de l’éditeur –Cubase ou Protools…). Que dire de plus ? Que les pauvres guests appelés à la rescousse révèlent le caractère fondamentalement paresseux de cette entreprise : Princess Superstar qui déblatère sans conviction, Liam Gallagher qui cachetonne, l’actrice Juliette Lewis qui fait de la figuration, ou le pionnier du rap Kool Keith, qu’on a borné à quelques phrases inconséquentes, tous semblent venus là meubler des instrumentaux lourdaux et agressifs (gros kicks, caisses claires qui claque, copiés-collés épileptiques et / ou progressifs). Seul The Way it devrait surnager dans les clubs de ce marasme artistique grâce à un sample de choix : les riffs du Thriller de Michael Jackson, posés comme ça sur quelques breakbeats bien montés et puis c’est marre…
Prodigy est de ces groupes qui continuent de vivre sur leurs premiers succès et une mauvaise réputation (le clip de Smatch that bitch up, remember ?). Ce boursouflé Always outnumbered, never outgunned devrait remettre les pendules à l’heure. Il n’y a rien à gagner ici.