Cet album est remarquable à plus d’un titre. C’est d’abord la dernière référence d’un label qui nous a accompagnés depuis un peu plus de quinze ans, Creation. Définitivement tournées les pages Jesus And Mary Chain des frères ennemis Reid, Felt de Lawrence, House of Love de Guy Chadwick, Boo Radleys de Martin Carr, Teenage Fanclub ou My Bloody Valentine de Kevin Shields qui ne nous aura finalement jamais offert de suite à Loveless. Ensuite, Bobby Gillespie, par rancœur, colère, désarroi, a décidé de supprimer les voyelles du nom de son groupe et du titre de son album. Dernière extrémité avant abandon ? Baroud d’honneur avant totale reddition ? La musique d’XTRMNTR montre si besoin était que Bobby Gillespie n’est finalement pas homme à s’en laisser conter. Il rentre dans le tas et ne fait pas de quartier. « Vas-y, balance la sauce mon gars, faut qu’ça saigne » semble-t-il dire à Tim et David Holmes, Brendan Lynch et Kevin Shields (tiens donc !), qui assurent la prise en main des potards. Et on les connaît assez pour être certain qu’ils ne vont pas y aller de main morte (une imagerie guerrière présente aussi au sein du livret d’XTRMNTR).
C’est comme ça que le disque commence, par des sons plus proches d’un Chemical Brothers que d’un album « classique » de Primal Scream. Foin des Rolling Stones et des sonorités baggy (qui nous ont bercés il y a un peu plus de dix ans), Primal Scream donne dans le big beat. Certes, leur dernier album avait déjà levé le voile sur une évolution vers l’electro la plus moderne. Mais là, Bobby Gillespie et ses comparses vont loin. A tel point qu’au départ, on a un peu de mal à adhérer totalement à ce qui ressemble plus à des ficelles soniques déjà entendues chez de jeunes trublions qui nous ont beaucoup plus excités ces derniers temps : les Chemical Brothers (présents ici comme Bobby Gillespie faisait partie de la longue liste des « very special guest singers » sur le Surrender des Frères Chimiques), Prodigy (Liam Howlett est remercié dans le livret) ou, bien entendu Proppelerheads et Fat Boy Slim. Mais ici, pas de relents sixties, rien d’une culture musicale bien au-dessus de la norme : les membres de Primal Scream déguisé en PRML SCRM se jouent d’un genre dans lequel ils étaient passés maîtres. Ce n’est plus du rock, c’est de l’XTRMNTR comme Diamond dogs de Bowie n’était pas du rock’n’roll mais du génocide !
Ainsi, tout au long d’XTRMNTR, l’auditeur se laissera aller au gré des rythmiques electro beat à cent à l’heure de tous les morceaux, des sons bas et lourds dignes de lieux de perdition nocturne (où XTRMNTR devrait faire fureur) et des voix éructantes. Quelquefois, c’est difficile de s’empêcher de passer au titre suivant mais quand on est investi par les sonorités dansantes qui habitent XTRMNTR, il n’y a plus aucune raison de rester le cul sur sa chaise. Get up, stand up, move your ass and clap your hands !