Pressure Drop, voilà un nom qui devrait parler à tous les amateurs de reggae. Méfiance tout de même, essayer de réduire Pressure Drop par des filiations trop évidentes, c’est passer à côté de tout ce qui fait l’originalité et la qualité de ce disque. Car les influences de Justin Langlands et Dave Henley, alias les Blood Brothers, vont du reggae justement à la soul (pour les voix) en passant par le hip hop, le funk avec un soupçon de jungle. L’ensemble est aussi harmonieux que dérangeant, puisque rarement aura-t’on été confronté a une telle multitude de styles malaxés, de genres mêlés. La plupart des morceaux sont enrobés, comme escortés d’accompagnements de cordes démoralisées –Foetus, de pianos déglingués –Darkness, de plages de synthé angoissantes, de cuivres fous, de guitare sèche complètement desséchée –My friend. L’atmosphère générale en prend évidemment un coup, on ne peut pas dire que l’ambiance soit à la franche rigolade.
Mais qu’importe, puisque de bout en bout, cet album passionne, en particulier par l’impression double qu’il procure à l’auditeur : d’une part, un sentiment de maîtrise assez stupéfiant, de l’autre la certitude que cette musique-là respire la liberté et se contrefout des barrières de genres ou, plus généralement, d’un quelconque souci d’unité et de bienséance. Ce qu’ont réussit ces Blood Brothers, c’est à se lâcher totalement tout en gardant le contrôle sur l’ensemble de leurs compositions. Finalement, on en vient à oublier totalement la présence des éléments synthétiques dans leur musique, tant elle dégage des émotions profondément humaines, éminemment organiques. Un disque triste qui rend gai.
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