Cinquième album de Pram avec la même recette qui s’améliore : tapis de bruitages sur petites rythmiques casio, mélodies venues d’ailleurs sur velouté d’orgues antédiluviens, poussières de mélodica sur la mousse d’une voix qui rêve. L’univers onirique de Pram est doux et amer comme un songe étrange, gênant comme une blessure mal refermée. Le disque porte bien son nom – une station radio du pôle Nord – car c’est bien de là qu’on a l’impression qu’ils émettent leur musique, murmure aquatique et flottant. Et qu’entend-on sur le poste à galènes ? El topo, rêve d’un Mexique imaginaire, théâtre d’un western cheap et sensuel comme Le Monstre des Hawkline de Richard Brautigan. Des percussions balinaises enregistrées sous l’eau (Bathysphere). Des balades qui font presque penser à Dominique A. (Fallen snow) ! Les habituelles trompettes et clochettes de Pram, sur l’inquiétant The clockwork lighthouse. Et même une dérive krautrock sur Sleepy sweet, qui s’effiloche sur sept minutes. La voix de Rosie s’est alanguie – ou bien nous nous sommes habitués – et on se laisse bercer par ces chansons ni fades, ni molles, simplement porteuses d’une poésie humble, venue d’ailleurs, d’un autre monde ou d’un autre temps.
Musique d’un futur à la Jules Verne, où les ours blancs regardent les courageux explorateurs d’un œil amusé et dubitatif. Tranquille description d’un paysage cotonneux et vague : ni ambient, ni post rock, ni space rock, sans nationalité, Pram suit son petit bonhomme de chemin tout seul, sans guide ni repères, à travers la voie lactée ou les glaces du pôle. Et avec eux on peut se demander : » What’s that strange music / Could it be the sound of someone / No longer living under glass » ?