Richie Hawtin, alias Plastikman, résident de l’Ontario, livre ici un album bien éloigné de la techno musclée de ses débuts, avec le même thème en arrière-plan : une critique pertinente de la société de consommation. Avec un disque tout en couches de bourdonnements divers ? Hé oui. Il est possible d’imaginer la musique qui accompagne la mort des circuits, les dernières heures du groupe électrogène géant qui nous alimente. Alors, il faut s’accrocher et écouter : les rythmiques pneumatiques sont lointaines comme la prochaine station essence quand on est en panne, les accords, fugitifs comme des étoiles filantes, illuminent les (longs) morceaux un bref instant et il ne reste que des bourdonnements, des brillances, de l’électricité statique. Prenez votre pouls : vous êtes encore vivant ? Oui, et vous écoutez Plastikman. Peut-on encore parler de techno ici ? Oui, ce qu’il en resterait. Richie Hawtin imagine la musique des vestiges de la civilisation électronique.
Et ça s’écoute ? Oui, comme une tentative minimaliste plutôt réussie pour cet admirateur de Mark Rothko et récemment influencé par les expériences de labels allemands comme Basic Channel ou Chain Reaction. Plus 8 (son label phare) mis en veille, c’est désormais de M-nus qu’il s’occupe, sur lequel il sort ses disques plus ardus, sous le nom transparent de Concept. Consumed est dans la veine de ses travaux récents vers une musique de plus en plus dépouillée. C’est aussi son album « noir » (voir pochette), dans tous les sens du terme, aussi noir que ses deux albums précédents (aux pochettes d’un blanc immaculé) étaient colorés. Un disque intéressant, mais peut-être pas aussi novateur que ceux des artistes du label Mego, par exemple. À écouter au casque, au risque d’avoir l’impression d’écouter son réfrigérateur lentement agoniser.