Pour passer au 21e siècle avec un goût de modernité, le plus prestigieux label classique édite une série particulièrement soignée consacrée à quelques compositeurs du siècle (Berio, Takemitsu, Kagel..). Pochette relookée pour une musique de premier plan considérée à juste titre comme difficile. Encore faut-il s’y confronter, et l’écouter attentivement dans de bonnes conditions. La meilleure façon de la juger serait d’aller à l’un des concerts que donne l’Ensemble Inter Contemporain. Les effets acoustiques rendus par le traitement du son en temps réel, l’utilisation simultanée de l’électronique et des instruments traditionnels, la disposition éclatée de l’ensemble autour du public (donc le mouvement du son dans l’espace) sont difficilement audibles sur votre radio réveil.
Cependant, Répons (1981-1984), œuvre immense par sa durée et les enjeux qu’elle suscite, peut s’écouter au salon. Enregistrée avec un soin particulier (on peut même se procurer une version spécialement mixée pour les casques), cette œuvre dont la structure est héritée des chants responsoriels du moyen âge (alternance de solistes et d’un chœur) donne à entendre assez clairement les idées musicales retrouvées tout au long de la carrière de Pierre Boulez. Plus facile encore, Dialogue de l’ombre double, pour clarinette solo, en lutte avec sa propre image préenregistrée, est comme « l’ombre double » du Soulier de satin de Paul Claudel, où l’ombre d’une femme et d’un homme projetées sur un mur deviennent des personnages à part entière. Si l’on ajoute que le livret, et l’entretien que donne Pierre Boulez à Jean-Pierre Derrien est à la portée de chacun, nous n’avons plus aucune excuse pour nous défiler. Et vive les musiques plurielles !
Pierre Boulez – Répons ; Dialogue de l’ombre double
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