Il y a cinq ans déjà, le trompettiste Bert Joris avait arrangé trois compositions de Philip Catherine pour les élèves du Swiss Jazz School Big Band ; la reconduction de l’expérience sur scène avec le Brussels Jazz Orchestra, dirigé par Frank Vaganée, a peu à peu amené le guitariste et son fidèle complice à l’idée d’un album entièrement dédié à des arrangements pour big band, sur des compositions déjà connues (le bondissant Piano groove, le magnifique Francis’ delight) ainsi que sur un ensemble de nouvelles mélodies composées au cours de l’année 2003 (Pink circus, On the ground et Happy tears, notamment, trois morceaux très écrits, le premier un brin sénatorial, qui ouvrent l’ensemble). Résultat : un album joyeusement coloré (le titre n’est pas trompeur), vif et entraînant, où la plume raffinée de Bert Joris, malgré quelques passages un peu convenus, modèle les matières et les timbres pour faire un écrin rutilant et énergique à la guitare toute en rondeurs de l’excellent Philip Catherine. Celui-ci plane aux mêmes hauteurs que d’habitude : improvisateur toujours inspiré, mélodiste hors pair, poète et orfèvre d’un instrument dont il est à tous points de vue l’un des maîtres les plus attachants sur l’hémisphère nord ; Bert Joris n’est pas en reste, qui livre quelques somptueux chorus en plus de signer les arrangements. Quoique inégal, Meeting colours parvient à n’être jamais monotone ; le BJO, machine musicale au swing imparable, s’avère suffisamment souple et riche en facettes sonores pour éviter la raideur et le clinquant désagréable qu’ont parfois les grands orchestres : le sentiment de légère tendance à la surenchère et au trop-plein qu’on regrette par instants s’efface finalement devant le plaisir éprouvé face à la versatilité et à la plasticité d’une formation pleine de ressources. Quelques plages de sobriété disposée ça et là ménagent une pause dans la jungle cuivrée et festive de l’orchestre, à l’image de cette splendide reprise du In a sentimental mood d’Ellington, pris sur un tempo très lent, tout en langueur et en nostalgie. Si Meeting colours ne s’impose pas parmi les disques les plus indispensables du guitariste belge, il n’en reste pas moins passionnant et souvent surprenant. Où que nous emmène Catherine, on est de toutes façons toujours prêt à le suivre.
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