Catherine revient avec un disque qu’il intitule (hommage déguisé ?) comme le meilleur album studio du regretté René Thomas. Hésitant entre la part rythmique et celle plus mélodique de son art, le guitariste décide de ne pas choisir : côté cour, sept titres bâtis sur le groove, enfilés à la suite les uns des autres avec une générosité magnifique et, côté jardin, six thèmes tranquilles tout en nuances dans le style qui assura le succès de ses opus précédents. Un compact qui rappelle le bon vieux temps quand les artistes cherchaient encore à donner une ambiance différente sur chacune des deux faces d’un 33 tours. Mais quel que soit le contexte, Catherine restera toujours Catherine. Même porté par un shuffle brûlant, il ne se départit jamais de sa rigueur dans les arrangements, de sa sonorité chaleureuse générée par un jeu efficace en accords et lignes de basse ni de son lyrisme naturel incomparable, et se situe ainsi à mille lieues de ce que fait par exemple un John Scofield, beaucoup plus incisif et atonal, sur ses propres albums jive. Et avec cette rythmique, qui fut celle de Wayne Shorter pendant une année, Dreyfus a offert au guitariste un costume taillé à la mesure de son monde onirique. Résultat : la séduction opère encore et toujours. Décidément, il y a chez cet homme une sorte de naïveté mêlée de poésie qui fait la différence avec pas mal d’autres surdoués de la six cordes.
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