Qu’y a-t-il de plus ridicule que le rock « chrétien »? A priori, rien et le concept même ne vaut pas deux hosties, le rock étant depuis toujours officiellement la musique du diable. On se souvient des médiocres Stryper qui tentèrent de « ré-évangéliser le heavy-metal dans les années 80 (mort de rire !) et on n’a pas nécessairement envie de supporter les jérémiades ineptes des enfants de Ned Flanders. Le rock « chrétien » aura surtout fourni de bonnes tranches de rigolade dans certains épisode des Simpson, beaucoup moins de dévotion à l’échelle de nos discothèques.
Pourtant des Louvin Brothers à Low, des Byrds à Daniel Johnston la question de la foi est régulièrement posée sur des rondelles inattaquables. Les disques de Pedro The Lion font désormais partie de ceux-là. Car Pedro The Lion, formation emmenée par un certain David Bazan fait les plus belles et touchantes chansons depuis celles de Lou Barlow et de Josh Haden. David Bazan n’est d’ailleurs pas le genre de prosélyte pontifiant (« connard de protestant » dirait Houellebecq..) que l’on pourrait craindre. Il refuse d’être assimilé au mouvement « Christian rock », refuse systématiquement de jouer dans les festivals du genre et ses textes parlent surtout de sa vie intime (et donc spirituelle), de sa peur de perdre la foi justement. Et c’est ce doute permanent qui fait que les disques de son groupe arrivent à bonne hauteur dans nos écuries discographiques.
Pedro the Lion est un grand groupe pop sous tranquillisant, oscillant entre vrai tubes (Big trucks est le genre de morceau qui colle à l’oreille comme de la glu), paisibles promenades alt-country (Suspect fled the scene), vrais traumatismes dignes de Codeine ou des Red House Painters (Criticism as an inspiration et la majeure partie de The Only reason), mais pour simplifier on reviendra vers notre toute première impression : un mélange simple et réussi entre l’honnêteté des plages les plus calmes de Sebadoh et la ferveur embrumée du premier album de Spain. A découvrir absolument.