Reprenons. Sortie de plusieurs années de silence volontaire l’an dernier avec l’impeccable Gone Again, l’égérie du milieu underground newyorkais des 70’s, la poétesse-féministe (ou l’inverse, c’est le mode identitaire qui compte ici), bref, l’une des plus grandes gueules (tendance chevaline) de cette foutue musique connue sous le nom de rock’n’roll remet ça. Seulement voilà, toutes les révolutions ont déjà eu lieu – musicales comprises. Et Patti Smith semble l’ignorer. Alors que Gone Again, dominé par de sombres climats, était le fruit d’un travail achevé, sans concession mais sans orgueil démesuré non plus, Peace And Noise renoue en grande partie avec cette vaine misérabiliste pète-couilles qui a fait les beaux jours de la classe 1950, mais dont la terre entière, hormis quelques vieux fossiles, se fout éperdument. Mais je m’égare. Parlons musique. En matière de rock sonico-sémantique, nous sommes servis. « Dead City », « 1959 » et « Spell » – un hommage (allons donc !) à Allen Ginsberg (il s’agit de l’épilogue de son texte Howl mis en musique) – ressemblent à des incantations mal dégrossies. Le reste est à l’avenant, entre délires pseudo Pop art et divagations empruntées à la Beat Generation, et la puissance d’invocation – tout juste compensée par une énergie retrouvée sur deux ou trois titres – demeure bloquée au degré Xérox. Seules perles à sauver de cet ensemble terne, les ballades « Blue Poles » et en duo avec Michael Stipe, « Last Call ».
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