Après avoir débusqué Insight, Life Long ou encore Fred Ones, l’écurie française Ascetic démarre 2009 en beauté avec Team one inc. du grand Pacewon (lire notre entretien). Connu aussi bien pour ses divagations au sein d’Outsidaz (Night life) que pour ses albums solos (Won, Telepathy), ce géant du New Jersey se faufile constamment entre mainstream de luxe (les Fugees, Eminem, Redman…) et underground de choc (Madlib, Outsidaz…), sans jamais se laisser plier par ces mondes parallèles. Pour preuve, cet album bondé de titres qui virevoltent entre violence sourde et vibrations électriques (What’s the word ?), puissance rapologique et boom-bap digital (That’s team). Le stylo aigu de Pacewon n’a pas perdu son encre… En atteste son flow atypique qui claque d’entrée sur Purple M3’s, une tranche qui démarre en mode mitraillette pour accueillir ses accents rauques et nonchalants. S’arc-boutant parfaitement sur chaque boucle enivrante qu’il peut saisir (Bounce rock feat. El Da Sensei), les fameuses cordes vocales de Pace Oner ne cessent de gémir avec élégance. Les prods de Team one inc. sont puissamment accrochées à la tripotée de rappeurs que P trimbale avec lui (son équipée Team One), un peu à la manière d’un Jadakiss et son D-Block. Mélangeant avec maestria thèmes hip-hop classiques et couleurs concoctées à coup de samples bariolés (Keep It Live produit par Rude One), ce disque solide donne envie de revisiter le long chemin qu’a parcouru l’artiste pour en arriver là, sans trébucher.
Une réussite qui n’est pas déméritée, étant donné la mare dans laquelle son ancien posse Outsidaz s’est vautrée. De fait, disloqué dans les limbes de l’intestin d’un Eminem ingrat, Young Zee, Pacewon, ou encore Rah Digga, n’ont pas reçu les contrats de l’ancien compère blanchâtre, mais plutôt un paquet de lapins perdus dans des champs arides que Shady Records n’a pas abreuvé, les poussant plutôt dans les sombres tranchées d’un underground disloqué, avec pour carottes des promesses non tenues. Pacewon a toujours résisté aux tempêtes de l’industrie du disque, notamment grâce à sa forte personnalité, sa présence au micro et ses nombreuses collaborations décroisées (Charango aux côtés de Morcheeba, The Only color that matters is green avec Mister Green, et aujourd’hui Team one inc. avec Ascetic Music…), qui lui ont permis de renouer aussi bien avec la scène grand public (même si ce ne sont que d’éphémères étoiles qui tombent des cieux) que les boulettes indépendantes des maisons comme Raw Poetix Records ou Ascetic. Que Pacewon atterrisse aujourd’hui sur un label français est une très bonne chose, notamment pour ses fans, mais aussi pour sa carrière, qui semble prendre un nouvel élan pour 2009. A suivre avec attention.