Au moment de la sortie de Third (premier album sorti il y a moins d’un an), notre chroniqueur avait été quelque peu exaspéré par le procédé promotionnel du groupe : refus de donner des infos biographiques, pas de photo, pas d’interview mais une ferme intention de publier trois albums en un an. C’était sans doute un peu trop (de prétention ?) pour des inconnus qui semblaient vouloir le rester. Nous voilà arrivés au bout de la trilogie, et force est de reconnaître que Oslo Telescopic mérite le respect, réussissant un coup dont bien peu pourraient être capables. A présent tout s’explique ou, du moins, gagne en clarté (sauf peut-être certains morceaux). Les titres d’abord. On n’intitule pas un premier album Third impunément. Mais quand on le fait suivre par Degree et Burnt (Brûlé au troisième degré), la résolution de l’énigme dépasse toutes les railleries qui ont pu éclore au sujet du premier titre. L’univers graphique aussi, qui offre un panoramique ferroviaire sous un ciel de tempête au recto et des cieux similaires encore plus menaçants dominant une forêt noir de jais au verso.
Au milieu de tout ça (éclaircissement du titre de la trilogie dans un ténébreux univers photographique), la musique gagne-t-elle en intérêt ? Difficile de parler de Burnt sans revenir aux deux albums précédents. Pour tout dire, des trois albums, Third est celui qui nous a le moins plu. Son côté expérimental de jeune joueur traficoteur de son ne nous avait pas beaucoup touché. Degree, quant à lui, grâce à sa tendance folk et malgré son penchant pour le sombre, nous a globalement ensorcelé. Burnt est un peu entre les deux. Demeurent quelques restes des « recherches » acoustiques et autre travail sur bande, dont Bioskaa représente un des travaux électroacoustiques les plus aboutis. Notamment grâce à ses superpositions de boucles et malgré les trop classiques rebondissements percussifs -à tel point qu’on pense à la Symphonie pour un homme seul des maîtres Schaeffer et Henry. On y trouve également quelques expérimentations soniques (la voix « à la » Tom Waits de Mertz, celle « à la » Kim Godon/Thurston Moore de Swiftly) et des guitares saturées (les Buzzcocks ne sont pas loin de Silo) travaillées sur table de montage au ciseaux (P.M. plaster) au milieu de chansons au dépouillement tout anglo-saxon (Madras) ou velvetien (Waterfather issu de l’album éponyme du Velvet en 69 ?). Tout ça résonne parfois merveilleusement grâce à un superbe son de basse d’une rare rondeur.
Seules véritables restrictions, que l’on peut d’ailleurs évoquer pour les trois albums : d’une part, c’est trop long. En musique contemporaine (vers laquelle tend cette trilogie), bien rares sont les œuvres qui se déroulent sur plus de quarante minutes (ici, les -trois fois- quinze titres atteignent une totalité cumulée de plus de deux heures et demie !). Par ailleurs, même si certaines pièces sont tout à fait plaisantes, rares sont celles qui recèlent une véritable personnalité. On sent à chaque fois l’influence artistique qui a conduit à la composition. Toujours est-il qu’Oslo Telescopic maîtrise maintenant parfaitement les techniques. Y a plus qu’à travailler l’inspiration…