1939-1999. Un excellent cru pour tous ceux qui souhaitent célébrer l’événement. 60 ans d’âge et autant de plaisirs partagés autour du danzon, du cha-cha-cha et du cha-onda, pour ne citer que ces quelques déclinaisons d’une passion musicale sans pareille avec l’une des charanga les plus populaires de Cuba. Mise en orbite au départ par le défunt Orestes Aragon, contrebassiste émérite, l’Aragon fait ses débuts sur le petit port de Cienfuegos, avant d’aller enflammer la Havane et le monde entier. Ses tournées à succès dans toutes les Amériques, sa renommée dans les pays de l’ex-bloc communiste, son influence sur la scène musicale africaine des années 70, ses passages remarqués en France contribuent à construire une légende, qui n’en finit pas de nous surprendre.
Aujourd’hui dirigé par Rafael Lay Bravo, l’orchestre, dont l’équipe a continué à se renouveler au fil des ans, n’a pas succombé aux charmes de ces nouvelles sirènes, qui tentent tant bien que mal de trouver un nouveau son cubain à l’approche du troisième millénaire pour remplacer la salsa ou encore le vieux son. Pas de machines à l’heure où les musiques électroniques prétendent apporter une révolution dans le patrimoine, pas de cuivres non plus, selon un sacro-saint principe de la charangua. Le reste suit tout seul : violon, congas, timbales, flûte, guïro, basse et piano. Les voix sont aériennes, avec un usage très expressif sur certaines parties de morceau. Un son certes plus ouvert sur l’avenir mais qui demeure fidèle en bien des points aux heures de gloire d’hier.
L’album est un condensé de ces belles années d’ailleurs, avec des invités de renom. Papa Wemba, Pancho Amat, Omara Portuondo… Quien sabe, sabe, un de leurs précédents albums, avait signé leur retour en force sur les scènes du monde entier, après une petite période durant laquelle ils ont brillé par leur discrétion, bien que continuant à produire. La Charanga eterna, lui, va probablement confirmer l’engouement du public pour cette musique de papys qui se joue et se danse impérativement jeune, malgré les apparences.