Bon, depuis le mois de Juin, il nous a jeté un os sous forme de single : Starfuckers, Inc. Et ses insinuations vicelardes : « My god is a shallow little bitch trying to make a scene… I sold my soul but don’t you dare call me a whore (paraît que Courtney n’a pas trop goûté…). Le refrain casse-crâne est immédiatement piraté sur la Toile et Mr Balducello, le boss des bookmakers, en oublie la canicule : « le nouveau Nine Inch Nails sera le bingo de l’année ou je flingue mon lévrier ! ». L’animal peut dormir tranquille, car, effectivement, l’attente est énorme.
Le 9/9/99, apparition live aux MTV Awards. « Fragile, she doesn’t see her beauty… we’ll find the perfect place to go where we can run and hide / I won’t let you fall apart ». Contraste. Pour la première fois, il semble capable de conjuguer le verbe vivre jusqu’à la seconde personne du pluriel et il en oublie presque de se tripoter l’ego, c’est un indice de taille ! Trent Reznor a décidé de se réinventer, mais il a encore du mal à trouver les mots pour définir son œuvre : « Je dirais que c’est un peu comme du Tom Waits paumé dans le bayou, passé au mixer funk et joué au ralenti » ?!§%?!! Le reporter de USA Today est resté scotché. Il cite également XTC et le « double blanc » des Beatles. Une envie de mélodies ?…
Aujourd’hui rien ne va plus, les jeux sont faits, il est là « l’album-Monstro », le double maousse. Un épouvantail à adjectifs défiant la syntaxe, un peu comme le monolithe de Kubrick, le générique de Twin Peaks ou la filmo intégrale de Vanessa del Rio… 23 titres comme à la parade. Trent Reznor a des ambitions. « Open my eyes ? I wish I could try ». Effectivement, il a ouvert les yeux pour chercher de nouveaux espaces et tout son univers a évolué du noir au rouge cramoisi, comme s’il assistait à son premier lever de soleil après une méchante nuit. « Could I please come with you ? Sweet smell of sunshine ».
Plus ouvertement instrumental : The Frail, Pilgrimage, Complication, et surtout La Mer (avec ses faux airs de Satie). Nine Inch Nails pilonne toujours : The Wretched, We’re in this together (prochain single, gros hit potentiel), mais avec Into the void, I’m looking forward… ou The Big come down, NIN pousse les machines tout en souplesse vers des territoires vierges et chaleureux. Influence New Orleans ? Le dernier double de ce calibre s’appelait Sign ‘O’ the times… Signe des temps, magie vaudou ?