Un an après la sortie de U.N.K.L.E., Mo’Wax récidive avec un nouvel événement du même acabit. Monté par un couturier japonais, Ape sounds regroupe des musiciens en vogue : Money Mark, les Scratch Perverts, Mike D… L’affiche a beau être attractive, le résultat n’en est pas moins décevant. En voulant retracer le « meilleur » des courants musicaux de ces dernières années, Nigo n’a finalement réussi qu’à rassembler une suite peu harmonieuse d’échantillons. Pour tenter de relever le niveau, une production alléchante est au rendez-vous : outre James Lavelle et Cornelius, le mythique Kudo (Major Force) apporte sa pierre à l’édifice. Mais un tel acharnement technique ne réussit au final à donner au disque qu’un son aseptisé : calibrés au possible, les titres d’Ape sounds sonnent tous de la même manière ; et deviennent très vite lassants.
L’album démarre pourtant avec l’excellent Kung fu fightin’. En alliant rythmique et ligne de basse inspirées des Beastie Boys, avec un phrasé à la Pavement (notamment celui de Robyn turns 26) et quelques mélodies japonisantes, Nigo crée un style hybride et novateur. Saluons également l’excellente collaboration avec Ben Lee sur Free Diving, sympathique chanson folk où le chanteur de chez Grand Royal évite les agaçants gimmicks pop dont il a l’habitude. En dernier lieu, les violentes manipulations vinylistiques de Tony Vegas, sur March of the general, ravivent avec brio la flamme des Invisible Scratch Picklz. Mais face aux autres titres -bien plus pénibles-, ces pièces font figure d’appâts. Surtout lorsqu’on sait qu’elles constituent les trois singles, vendus séparément avant la sortie d’Ape sounds…
Pour le reste, le travail de Nigo sonne comme du remplissage. Sur A simple song, il signe avec Money Mark une ballade d’une platitude ahurissante. Le chant monotone et répétitif de Nishita est d’ailleurs très vite insupportable (Simple song, a simple song, la la la la la la la répété en boucle sur 4 minutes…). Monster et Too much sont de légères pop songs, construites sur des grilles de mélodies périmées. Dans un autre style, The Very urgent dub plagie les vieux plans d’Augustus Pablo et de Lee Perry, en se contentant d’utiliser des sons de synthés actuels… Pour finir, on a bien sûr droit à l’inévitable hymne punk (dans de telles circonstances, ce mot a-t-il encore une quelconque signification ?). Bruyant et violent au possible, Jet set ne reste pas moins dénué de l’élément essentiel à ce style de musique : la sincérité. Ce qui résume d’ailleurs bien le principal défaut du disque.