Le trio londonien New Flesh signe ici un deuxième album tout en nuance, fruit d’un vaste héritage musical et d’une maturité acquise à force de travail. Le label Big Dada se veut le défenseur d’un autre hip-hop, une écurie de chercheurs du son et des mots, New Flesh incarne aujourd’hui cet esprit sans concession, à la fois revendicatif et humble.
Pour New Flesh le hip-hop est un mode de vie, une culture omniprésente, une philosophie qui occupe chaque minute de la journée. Cette quête permanente de perfection se retrouve sur chaque phrase et sur chaque break de l’album. Une authenticité et une humilité appliquée à une musique ciselée avec patience et minutie pour retirer le meilleur de soi. Voilà ce qui frappe à l’écoute de Understanding, disque boulimique, maintes fois ruminé et pensé, qui défend un hip-hop appliqué où se révèle la valeur artistique de ses artisans. C’est qu’après un premier album (Equilibrium, en 1999, que la mémoire collective, il faut bien l’avouer, n’a pas vraiment retenu) aux sonorités plus dures et plus sombres, les productions de Part 2, l’architecte des rythmiques de New Flesh, se sont orientées vers une plus grande simplicité. Un besoin d’efficacité qui fait plaisir à entendre, les morceaux ne s’égarent pas dans la surenchère, pas plus qu’ils ne tombent dans un excès de vacuité. Un équilibre fragile que le trio maintient avec assurance, pas de place pour le hasard ici et c’est pour cela que New Flesh impose le respect avec cet album.
Understanding évoque une musique résolument moderne mais ne rate jamais une occasion de se rappeler à ses racines. Les orchestrations minimalistes et profondes rappellent l’esprit dub et succèdent aux abstractions et aux détournements électroniques. Cette diversité de sonorités se fédère autour d’un véritable esprit de groupe où chacun tente de se surpasser d’un morceau à l’autre. Les Mcs Juice Aleem et Toastie Tailor développent tous deux une large palette dans leurs flows, on passe sans mal du r’n’b cosmique de Zero gravity au dancehall avant-gardiste de More fire, les voix créent une dimension hypnotique dans cet univers musical intemporel et en perpétuel mouvement. Des personnages aussi respectables que Beans d’Antipop Consortium, Roots Manuva ou Gift Of Gab de Blackalicious se joignent au trio. Un soutien qui rehausse, sans jamais les noyer, les compositions du groupe, lequel gère avec la même délicatesse ses invités que ses machines. Ce deuxième opus ouvert évite avec brio la mégalomanie si facile dans ce genre musical, et, si le propos reste ferme, les protagonistes n’oublient jamais qu’ils sont là pour séduire et convaincre.
Au fil d’un disque instinctif et direct, New Flesh se hisse donc à une place de choix au sein de la nouvelle scène anglaise, se joignant aux fantassins d’un hip-hop artistique et vital, loin des dérives commerciales, le trio démontre son appartenance aux piliers du genre.