Ces nouvelles compositions de Nathalie Loriers, on les connaît bien pour les avoir entendues, interprétées sur scène depuis une année, en trio parfois augmenté de solistes invités comme Jeroen Van Herzeele ou Frank Vaganée. Les voici enfin, rendues à leur intimité et fixées avec une balance parfaite et une prise de son exceptionnelle qui en renforcent la perception. Le côté lyrique de Nathalie est évidemment là avec ces mélodies lumineuses et évanescentes que sont Silent spring, Entre chien et loup, et surtout cette magnifique Croix du sud perlée de notes scintillantes comme la nuit d’étoiles. Plus encore que sur les autres titres, la pianiste au jeu plein de clarté y met en valeur son sens naturel de l’espace, se faisant languissante et désirée dans les phrases ultimes soudain dévorées par le silence. Mais la lame a deux tranchants et Nathalie renferme en elle le goût du swing qui est le propre des vrais jazzmen. Autant elle sait se faire légère et apaisante, autant elle peut se montrer énergique et excitante comme sur Recurring dreams ou sur The party, qui swingue en tempo moyen comme un morceau hard bop des sixties. Le trio est le même que sur le disque précédent et on sent que chacun a eu le temps de se familiariser avec le jeu des autres musiciens.
Le contrebassiste sicilien Sal La Rocca et le batteur hollandais Hans Van Oosterhout enveloppent désormais les idées du leader, l’un d’une rondeur, et l’autre d’une efficacité souveraines. Indicible musique dont la beauté torrentielle surprend, gonfle, se dissimule, ressurgit et finalement s’étale telle un long fleuve tranquille. Tout ce que l’on attendait de Nathalie Loriers est arrivé.
1) Recurring dreams – 2) Silent spring – 3) Novecento – 4) Continuum – 5) La croix du sud – 6) The party – 7) Entre chien et loup – 8) Prao – 9) Vivement dimanche
Nathalie Loriers (p), Sal La Rocca (b), Hans Van Oosterhout (d). Enregistré au Studio Synsound 2 à Bruxelles, date non précisée. Produit par Dan Lacksman