Il est des albums venus de nulle part, en l’occurrence Gijon, capitale des Asturies. Maritime s’il en est, la musique de Monica Vacas et de Fran Gayo, qui composent le duo Mus, constitue à la fois le remède et l’accompagnateur des journées de pluie au Cap-Ferret. Teintée d’une mélancolie à visage humain, la musique du groupe espagnol déploie ses volutes homogènes et délicieusement neurasthéniques, à base de guitares acoustiques et de piano grave, qui tissent une grande toile marine, où la voix délicate de Monica devient le sujet principal. Fragile mais ferme, celle-ci invite à la contemplation du bord des océans, en attendant les nuages bas porteurs d’une pluie salvatrice. Le chant en espagnol, comme chez Migala, Sr Chinarro ou Aroah (Irene R. Tremblay joue ici de la guitare en voisine sur Sacramento) est révélateur d’une maîtrise évidente de l’idiome folk rock adapté à une sorte de saudade ibérique.
L’élégiaque Al Oeste de al divisoria constitue l’une des plus belles chansons de cet été 2002, aussi belle, et c’est peu dire, que le Faraw de leurs cousins français Paloma. Une nouvelle fois Acuarela a vu juste en publiant les dix titres de ce deuxième album de Mus, et le manque d’empressement du groupe à répondre à nos sollicitations concernant leur premier album accroît d’autant ce mini mythe que nous sommes en train de voir éclore au travers du spleen des Asturies. Certainement le plus grand des albums méconnus de 2002.