Munk est le projet musical de Mathias Modica et Jonas Imbery, patrons du label allemand Gomma. Gomma a fondé son excellente réputation sur une discographie parfaite (de la réédition du rappeur 80’s Rammelzee aux compilations Teutonik disaster ou Anti NY), une identité multiple (disco, house, imprégné de hip-hop, de rock, no-wave et punk-funk), qui les fait côtoyer autant Trevor Jackson (Output) et James Murphy (DFA) que Chloé et Ivan Smagghe ou Nick McCarty (guitariste de Franz Ferdinand qui a sorti l’album de son premier groupe, Kamerakino, sur Gomma). Un vent de hype soufflant gentiment sur le label teuton, et voilà Munk dans les compiles Colette et les défilés Givenchy. Après quelques singles, un album, et pas mal de production sous le nom de Leroy Hanghofer, le duo pose son premier album, Aperitivo, qui n’a rien de préliminaire, mais constitue une des proposition musicale les plus excitantes (éclatée, ouverte, diverse, festive) de la scène « dance-rock ». Aperitivo, s’il témoigne de l’influence marquante du riff de guitare électrique et du kick de grosse caisse (attributs rock entre tous) sur le groove qui anime les pistes de danse, va cependant bien au-delà d’un seul genre musical, serait-ce le plus hybride, puisqu’il recèle de véritables chansons, et témoigne d’une véritable richesse dans les détails (percussions, ambiances, arrangements discrets, track-listing varié et parfait). Invitant le vieux rocker chicagoan Bobby Conn à introduire l’album (début folk-rock dérivant disco), produisant LE tube de la rentrée (Kick out the chairs, scandé par James Murphy, remixant le MC5 à LCD Soundsystem), surfant sur la night (le limite ridicule morceau remixé et parlé-chanté par Chloé, C’est cool, ou Stereo Total perdu dans le Pulp) et le rap (Princess Superstar), le duo Munk a produit un album dansant et intelligent, urbain et sophistiqué, une des meilleures surprises de la rentrée.
De son côté, le déjà 4e album de Swayzak déçoit un peu. Conçu durant l’été 2003 dans un Château en France, Loops from the bergerie semble avoir également subi l’influence du « retour du rock », qui sature les charleys et met des réverbs sur les kicks. Autant on trouvait fascinantes et neuronales les textures minimales et chirurgicales de leurs productions house précédentes, autant l’ambiance new-wave et le léger fuzz qui imprègne ce nouvel album semblent hors propos. Produit par David Brown et James Taylor, qui sont rejoints ici par Kenny Paterson (ingénieur du son déjà présent sur leurs précédents travaux, qui a travaillé avec Broadcast, Placebo notamment), cette nouvelle configuration a mis un peu d’acoustique dans l’électronique de Swayzak, ce qui devrait rebuter les fans historiques, mais peut-être séduire un nouveau public. Egalement de la partie, le chanteur anglais Richard Davis, qui pose sa voix un peu glam (Bowie, Sylvian, Ferry) sur trois des titres de l’album, ainsi que Clair Dietrich, Mathilde, (une jeune vocaliste française aux accents de B.Bardot -depuis Miss Kittin, la langue française au féminin semble être devenue un gimmick incontournable de l’electro européenne. Voir Chloé dans la chronique de Munk ci-dessus), et Francesco Brini, qui vient ajouter sa batterie live aux programmations électroniques. Les titres de l’album jouent sur les mots « loups », « loops » et « bergerie », distillant une atmosphère de concept-album, de conte de fées un peu gothique-inquiétant, groovy-dansant. Les boîtes de nuit vont ressembler cet hiver à des bergeries, les danseurs a de grands méchants loups, les danseuses à de petits chaperons rouges.