Dixième album de Mike Paradinas, après le maxi The fear, et un virage vers des morceaux plus accessibles et mélodiques : le disque comprend en effet beaucoup de passages orchestrés, qui lui ont été inspirés par Björk et son utilisation des sections de cordes dans ses concerts. L’album s’ouvre ainsi sur les violons en cascade de Scaling, qui s’enchaîne avec le rap grandiose et cinématographique de The Hwicci song. On n’oublie pas la rigolade période Mike and Rich avec Autumn acid, sur lequel il fournit lui-même les backing vocals… Et toujours ces rythmiques puissantes et tordues qui n’appartiennent qu’à lui. Slice est une comptine victorienne pour aristocrate du synthétiseur : baroque et pince sans rire.
Boum boum tchac : Carpet muncher est le clin d’œil à ses copains Aphex Twin et Squarepusher, drum’n’bass rigolote et accrocheuse, suivie de celle, puissante et nerveuse, de The Motorbike track (agrémenté d’un sample de Gangstarr). Un peu d’ambient sale sur Mentim et inquiétant sur Gruber’s mandolin (qui, avec The Hwicci song, fait décidément penser aux ambiances de Kurt Weill ou des films de Fritz Lang !). World of leather commence par un son de Korg ; ajoutez une rythmique hip hop, des cordes, des nappes, servez chaud, saupoudrez de vocoder : du pur µ-Ziq, tous les éléments sont là, terribles et convaincants. Scrape et 56 n’apportent pas grand chose, Burst your arm est l’occasion de faire une excursion du côté du hardstep : rapide, délirant, acid, de la jungle pour clubbers qui ne distinguent plus rien dans les vapeurs du soir. La voix de ZX-81 est encore cool pour le moment, et on se rend compte quand même avec ce type de morceau (très proche de celui qu’il a sorti en édition limitée sur son label en compagnie de Jega -une volée de gabber déréglé en pleine face) que M. Paradinas est très fort pour les lignes de basse.
Le disque se termine sur une jolie ballade électronique chantée par la douce voix de Kazumi (présente aussi sur le single). Même si le virage à la Philip Glass décevra peut-être les puristes, Royal astronomy est un album riche, varié, qui demande plusieurs écoutes et qui prouve que Paradinas est devenu en quelques années un des grands noms de la musique électronique, dans ce qu’elle a de plus humain. Si Aphex Twin est le roi, µ-Ziq est son astronome (il regarde les étoiles en rêvant…).