Premier album du jeune duo bordelais Mouloud, Easier with a sampler est une sortie Platinum, sous division d’Alienor Records, label indépendant dont on garde aujourd’hui une certaine nostalgie adolescente-anorak. La division electro du label se fend là d’un album honorable d’electro-pop, pas follement original, mais enthousiaste. Entre obsolescence big-beat et instrus happy à la Roudoudou, Mouloud est jeune.
Stéphane Mourgues et Samuel Vincent, ou Moule et Vince, comme ils s’auto-pseudonymisent sur les notes de pochettes, ont découvert les joies du sampler avec Prodigy et Fat Boy Slim. Du coup, leurs beats bondissants ont un petit parfum de nostalgie (déjà) et une naïveté de bon aloi, qui nous font considérer leur disques avec un paternalisme bienveillant. Une certaine culture dance-rock est de mise, mais à travers sa relecture par les récents thuriféraires de la pop anglaise. Ainsi, si influence de New Order il y a sur, c’est le New Order passé à la moulinette des Chemical Brothers ou des derniers Primal Scream. De même, et bien malgré les pauvres Mouloud, on citera Bosco comme proches cousins, parce que c’est un ancien groupe Platinum, qui s’est vendu à une major pour accoucher du monstre mainstream et raté que l’on sait, et parce que Mouloud chante « I’m gonna try a new kind of action », avec un vocoder et des intentions assez proches au final, quoique sans doute moins opportunistes. Indie groove fait évidemment penser à Asian Dub Foundation. Never wanna wake up, aux Boo Radleys. Mais il y a aussi un vrai morceau de house, au demeurant pas mal dans le genre, Red Fonckk, qu’une ligne de synthé semble scander. Dans le réseau des participants inconscients, on citera également l’hyperproductif Kim, bordelais lui aussi, que Mouloud a du écouter, pour produire la mélodie de Can make up your mind.
Ainsi, Mouloud est un groupe sous influence, plein de bonnes intentions, mais encore trop dans la technique et l’apprentissage pour passionner réellement. Un sens du groove évident, des mélodies satisfaisantes, de l’énergie à revendre, ne suffisent pas à susciter la passion. On attendra qu’ils se démarquent de leurs aînés (pas si vieux) et trouvent leur propre voie. On leur souhaite bonne chance dans cette entreprise.