Chez Mono, qui est en fait un duo, on est les rois de la mélodie formica, de la récup’ –Martin Vigo, qui avait par le passé traficoté quelques titres pour le compte de Björk, n’a pas son pareil pour recycler ce qui se fait de in pour les sampleurs fous : Satie, Lalo Schifrin, Isaac Hayes ou John Barry- et ça marche. De prime abord en effet, on se dit que les petites ritournelles susurrées par Siobhan De Mare -un vrai nom de starlette, ça- sont bien nunuches, c’est seulement par la suite que les morceaux révèlent un fond de gravité qui rapprocherait Mono, dans l’esprit soyons clairs, de Portishead (Silicone, The stranger in you).
Pourtant le premier titre, Life in mono, évoque plutôt le New Order des années 85-86, et l’ambiance générale de l’album suggère un nom : Saint-Etienne. Seulement, au-delà de cette profusion de rapprochements, Mono arrive à tracer sa route, un chemin entre désenchantement et légèreté, tout en délicatesse. Le magnifique Slimcea girl est à ranger dans la discothèque entre les Supremes et Astrud Gilberto, Disney town copine avec Broadcast, les petits protégés de Stereolab, Hello Cleveland ! visite les contrées de l’Acid jazz après le Dernier Combat.
Au final, si Formica blues n’invente rien, il utilise si bien ses influences que c’est un véritable plaisir de se laisser bercer par ces comptines douces-amères.