Socialisme et barbarie, le premier album de Monade (Laetitia Sadier de Stereolab), avait été accueilli avec intérêt et bienveillance. Cette collection d’enregistrements intimes faisait preuve, tout en étant imprégnée de caractéristiques propres au « Lab », d’un poignant supplément d’âme. La mise à jour et à nu de cette source, désormais, semble devenue si primordiale que Monade s’est mué en groupe à part entière. Et cette mue lui va à ravir : ce n’est pas un groupe qui joue les compositions de Laetitia, mais bien quatre personnes qui jouent ensemble et dévoilent ce second album, A Few steps more.
Cette cohésion renforce la charge émotionnelle des chansons, généralement structurées, comme de nombreux morceaux stereolabiens, à partir d’éléments conçus séparément puis juxtaposés, à cette différence que toute référence directe y est absente. On peut néanmoins dresser quelques parallèles : la musique populaire brésilienne entre 1970 et 1975, époque où la junte militaire effectuait un contrôle féroce que des artistes tels que Milton Nascimento, Edu Lobo ou Chico Buarque s’ingéniaient à détourner ; le « prog », du moins le chemin qui vient de Canterbury (Soft Machine, sans la virtuosité pyromane, Wyatt, notamment lorsque trombone, clavier et voix se conjuguent, This Heat, la rage en moins et la ferveur intacte) ; l’after-punk, dans son approche « D.I.Y » et transgenre, et dans cette capacité à sonner « juste » tout amateur et conscient de ses limites que puisse être Monade.
Laetitia Sadier chante (de mieux en mieux) ce que presque personne n’ose chanter aujourd’hui, simplement, une invitation à sortir de la tristesse, du fatalisme, du cynisme qui nous sépare davantage qu’il ne nous protège du gâchis collectif. Idéalisme béat ? Non : courage. Un disque politique qui ne fait pas la leçon, aventureux et humble, humain : un printemps !