Attention, Universal syncopations II n’est pas exactement la suite de Universal syncopations, fameux album de 2005 grâce auquel Miroslav Vitous, entouré d’un all-stars band de tout premier calibre (Garbarek, Corea, McLaughlin et DeJohnette), avait fait l’unanimité auprès de la critique : malgré son titre, il s’agit d’une aventure relativement différente, quoique mise sur le chantier immédiatement après la fin de la précédente, plus étonnante sans doute, même si moins manifestement réussie dans son résultat. Enregistré entre novembre 2004 et avril 2005, le disque est le fruit d’un long travail en studio (les studios personnels du contrebassiste, pour être précis, lesquels s’appellent… « Universal Syncopations Studios », évidemment) à partir d’un matériau de base joué par un nouveau groupe, plus jeune, moins considérable sans doute, encore que n’ayant rien d’une bande de seconds couteau, vu leurs états de service dans le courant jazz-rock-fusion : Randy Brecker (trompette), Gary Campbell (saxophones, fidèle de Vitous depuis quelques années), Bob Mintzer (saxophone, clarinette), Adam Nussbaum (batterie, en alternance avec Gerald Cleaver, complice désormais habituel de Vitous, lui aussi), auxquels se joignent Daniele di Bonaventura (bandonéon) et la chanteuse Vesna Vasko-Caceres. Après des séances d’enregistrement dans les conditions du live, donc, Vitous a passé les bandes dans ses ordinateurs et a été pêcher dans sa célèbre samplothèque classique (samplothèque qu’il commercialise depuis de nombreuses années sous le titre « Symphonic Orchestra Samples », flopée de DVD vendus à prix coquet aux amateurs de bidouille musicale, de samplers Akai et de MAO) pour mixer le groupe avec des parties orchestrales et vocales de son cru, sa contrebasse faisant office de liant et de point d’ancrage pour le tout. On passe ainsi du trio au quintet et de l’ensemble à corde aux choeurs avec un sentiment d’excitation fluctuant, incertain si l’on a affaire à une architecture sophistiquée ou à un bric-à-brac expérimental mégalomaniaque à la fois très intéressant et pas complètement abouti. Avis aux amateurs de curiosités. Les autres peuvent y jeter une oreille aussi.

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