One on one commence paisiblement, par des nappes de guitares atmosphériques sur lesquelles viennent se greffer de douces paroles murmurées… Durant ces cinq minutes d’introduction, Mira Calix nous berce dans une ambient paisible et réconfortante, où rien ne laisse prédire la violente arrivée de son second morceau : Skin with me. Ce déstabilisant basculement d’un extrême à l’autre reflète bien l’esprit de ce magnifique album, où la jeune fille n’a de cesse de jouer avec nos émotions. Par des ambiances electro, quelques expérimentations noisy ou encore de mélancoliques parties de piano, Mira Calix nous fait voyager dans plusieurs environnements sonores bien différents. Ses morceaux réussissent à toucher l’auditeur de manière spontanée, autant par leur beauté innocente que par leur agencement inattendu. Ainsi, en se succédant, les morceaux interfèrent les uns sur les autres, en remettant toujours en question celui qui précède…
Mais le fort contraste régnant entre chaque plage n’empêche en rien l’uniformité de l’album. Après plusieurs écoutes, une fois ce One on one bien intégré, on se rend compte que les morceaux -aussi différents soient-ils- sont véritablement complémentaires. Par leur diversité, ils nous dévoilent petit à petit chaque trait de personnalité de la musicienne, créant ainsi une sorte d’intimité partagée avec l’auditeur. Les frénétiques structures rythmiques de Routine ou de Skin with me nous emportent dans une colère sombre et incontrôlée. La musicienne se déchaîne hargneusement sur toutes les sonorités qui lui tombent entre les mains. Maltraitant chacun de ses éléments de percussion, pour atteindre des résonances synthétiques presque dérangeantes, elle nous fait tout simplement partager la profonde violence qu’elle semble porter en elle.
Upiyano ou Daydreaming at night sont largement plus paisibles. Les boucles mélodiques et les accords de piano nous transportent dans un profond état de mélancolie, une nostalgie confuse où les souvenirs s’entremêlent pour peu à peu ne plus être identifiables… Peut-être tente-t-elle ici de nous transmettre le mal de son Afrique natale, qu’elle a quittée pour la froide Sheffield d’Angleterre ?
Pour autant, ce disque n’est en rien dépressif et ne tombe jamais dans un trip hop aseptisé pour véhiculer une tristesse préfabriquée. One on one est un album où les sentiments d’une âme sensible sont mis à nu. Electro bruitiste, comptine délicate ou encore murs de guitares saturées… Les divers moyens d’expression employés par Mira Calix ont pour seul et unique but de transmettre des émotions pures. Elle y parvient parfaitement, d’une manière touchante, sincère.