On ne peut pas dire que l’on est envahi par les productions rock venues de l’autre côté des Pyrénées. Pourtant, on avait bien aimé les quelques groupes tendance hardcore de la fin des années quatre-vingts qui nous étaient arrivés comme par enchantement en plein creux de vague de la carrière de Julio Iglesias et qui ont disparu au moment de son retour, et de l’apparition de ses fils ! Avec Migala, on nage dans d’autres eaux, et quelles eaux quand on admire la photo de couverture, assurément une des plus belles pochettes de cette année, se dépliant sur un panoramique de plage d’une station thermale signé de César Russ.
La première plage (du disque cette fois) nous laisse d’ailleurs sur cette très heureuse impression de dépaysement avec des sons maritimes à souhait. Les flux et reflux de la mer et les bruits de ports ne sont pas sans nous rappeler notre Breton de Yann Tiersen, auquel le groupe espagnol a, semble-t-il, emprunté quelques samples. Ce ne sont donc pas des vagues méditerranéennes mais nantaises qui nous amènent à The Whale. Un premier morceau tout en douceur, d’une douceur de soirée de fin d’été avec la moiteur de ses guitares acoustiques, sa conversation à deux voix, l’une de baryton, l’autre, plus sépulcrale, d’une basse profonde, le tout sur des notes liées au violoncelle.
Ça ne vous rappelle rien ces arrangements d’un rare classicisme ? Lambshop, bien sûr, dont on admire toujours autant le travail finement ciselé des orchestrations aux ambiances doucereuses (douces et heureuses ?) et Palace, aussi, dont Migala est le backing band quand notre homme Will Oldham bat la campagne hispanique à la recherche d’une audience toujours confidentielle mais en devenir.
Asi duele un verano est le deuxième album de Migala mais le premier à sortir en France. Il est donc accompagné d’un EP édité l’an dernier. Cinq titres que le groupe qui se considère plus comme un « collectif de six non-musiciens » a publié après un premier album, Diciembre 3 AM, dont les deux reprises, Fade into you de Mazzy Star et Moonriver de Mancini laissaient indéniablement penser, par le bon goût de leur choix, à un avenir brillant de partenaires d’école néo-folk-country intimiste de Palace, Tarnation, Mazzy Star, Sparklehorse, Lambshop ou Belle & Sebastian plus près de chez nous.
Alors réveillez-vous et plongez dans l’univers maritime de Migala, vous devriez en sortir bienheureux comme après un bon bain chaud !