John Harle (saxophones), Julian Lloyd Weber (violoncelle), Elisabeth Chojnacka (clavecin), Christian Lindberg (trombone).
Philharmonia orchestra, Michael Nyman String Orchestra, BBC Symphony orchestra, dir. Michael Nyman.
Toujours sensible au charme discret des parfaits gentlemen, la France s’est amourachée de Michael Nyman, ex-musicien attitré de Peter Greenaway : Meurtre dans un jardin anglais, Drowning by numbers… mais aussi Monsieur Hire, de Leconte, ou… Le miraculé, de Mocky ! Ses antiennes obsessionnelles ont su séduire le public non averti, qui découvrait là un concept musical révolutionnaire… quant à nous (et à vous, peut-être ?), on ira plutôt réécouter quelque Art de la fugue ou autres sonates scarlatiennes, tout y est dit, trois siècles avant, et de quelle façon plus subtile !
Bref, on ne va pas rouvrir l’immense et sempiternel débat : « Pour ou contre la musique contemporaine ? », d’abord parce qu’il n’a pas de sens, ensuite parce que le compositeur anglais, à qui EMI consacre aujourd’hui une « édition » -le chic du chic- ne mérite pas tant d’honneurs. Ce premier volume, donc, consacré à l’oeuvre concertante, ne pèche pas par excès de finesse, c’est le moins que l’on puisse dire ! Beaucoup de bruit pour pas grand chose, sinon pour masquer un manque singulier d’invention et de renouvellement dans l’écriture, plus « systématisante » que systématique…
Il n’y a, dans ces pages, ni l’intelligence ni l’émotion qui se dégagent, par exemple (pas très fortuit…), de l’univers de Philip Glass : si vous parvenez à écouter non stop ce disque tout entier, vraiment, faites-nous signe !
S’il fallait, néanmoins, ne garder qu’une seule des trois pièces proposées ici, ce serait certainement ce concerto pour trombone et orchestre -le moins « nymanien » d’entre tous ! L’interprétation, enfin, est superlative, condition nécessaire mais pas suffisante pour nous faire goûter à la Nyman touch, à consommer avec une extrême modération…