On se souvenait d’avoir vu Mendelson sur scène, c’était bien avant cet album, c’était au printemps dernier en ouverture de Diabologum, c’était même apparemment leur premier vrai concert. On se souvenait aussi qu’on avait pas été tellement convaincu, malgré les acclamations de tous les copains débarqués en force, par cette musique un peu trop fine sur scène, si fine d’ailleurs qu’on l’aurait facilement qualifiée de banale.
L’avenir est devant nous vient réparer cette injustice qu’on a été sur le point de commettre, condamner comme ça un groupe sur la foi d’une prestation un peu timide. Car si de timidité il est encore question dans ces quinze morceaux qui mettent l’âme à nu, c’est pour mieux faire ressortir la violence des sentiments, la cruauté de situations pourquoi quotidiennes. Oh bien sûr, chez Mendelson, on a un truc pour faire passer toutes ces horreurs, c’est de le faire sans s’énerver, presque trop calmement, finalement la tension ne passe que par quelques dissonances de cordes, une voix volontiers brouillée comme si les micros étaient mauvais; cette blague, cela permet seulement à Pascal Bouaziz d’asséner des phrases en forme de Scud. C’est facile, lorsqu’on prend son air un peu triste, un peu résigné, un peu détaché. Ce gars-là est profondément vicieux, c’est clair, mais il a du talent aussi, c’est certain, parce que ses histoires si communes, quasi vulgaires, il nous les fait gober comme si c’était du Jules Verne.
Franchement, on a rarement plongé avec autant de conviction et de violence dans le quotidien pour en extraire ces petits riens qui, petit à petit, nous déchirent. Par chez nous, Histoire naturelle, Comment a-t-il osé ?, Plus qu’à peine, Je ne veux pas mourir, Je n’ai plus de souvenirs d’une vie avant, on pourrait citer tous les titres de ce disque qui, à force de gratter doucement là où ça fait mal, vous fera un bien fou ou vous excédera, on vous aura prévenus.