Si tous les morceaux de cet album pouvaient avoir la pêche de What’s going on ? sur lequel Roxanne Shante se surpasse dans le genre débit à la mitraillette ce premier album de Mekon serait un pur bonheur. On s’accommoderait bien aussi d’avoir plus de titres dans la veine de ceux sur lesquels figure Marc Almond parfait dans son rôle de chanteur réaliste (il fait ça très bien et sur n’importe quel accompagnement sonore). Mais autant le dire tout de suite : Relax with Mekon contient du bon du réussi de l’efficace et plaisant mais aussi des titres qui peuvent se zapper. Pourtant Gosling n’est pas un débutant inexpérimenté. Il a donné dans le sampling artisanal au sein de Psychic TV, a remixé à tours de console, bossé avec Goldie ou William Orbit, enregistré quelques singles, etc.
Côté morceaux chantés rien de mauvais à signaler bien au contraire : Gosling sait ce qui convient à la voix et à la personnalité de ses invités et leur offre des bandes-son taillées sur mesure. Miss Shante y trouve de quoi s’éclater. Marc Almond croone par deux fois avec la dose juste d’effets discoïdes convenant à un torch singer de bar gay. Shawn Lee fredonne un chant du cygne éthéré une de ses multiples incarnations qu’on retrouve sur son premier (et très bon) album sorti ces jours-ci. Leslie Winer ex-mannequin androgyne et rebelle des années 80 poétesse à ses heures se fait menaçante sur l’inquiétant Calm gunshot tandis que Mekon prouve qu’il s’y connaît en atmosphères. C’est seulement lorsque Mekon se retrouve en tête à tête avec ses machines qu’il s’égare. Son big beat accroche l’oreille mais ne tient pas en haleine. Trop de répétitions de rythmes boom-boom et pas assez de surprises. Sur la piste d’un club, Let’s rock ou Funny bunny avec ses injonctions de « close your mind » martelées en boucle tiendraient cependant la route. Relax with Mekon a été composé par un John Gosling dispersé voulant à la fois satisfaire ses pulsions d’ancien DJ et celles de créateur de musique à part entière. Un pari risqué qui donne un album à demi-réussi.