Max de Wardener s’est fait connaître dans le milieu de la musique dite électronique lors de ses apparitions aux cotés du duo Plaid (période Rest proof clockwork), mais aussi pour son parachutage discret de l’excellent Stops Ep, sorti sur Accidental (qui héberge quelques galettes de Herbert ou de Soft Pink Truth). C’est la même écurie qui vient de graver ce Where I am today, qui fait office de premier véritable travail en solitaire de ce compositeur multi-instrumentaliste. L’univers de Wanderer est très épars. De fait, Max se trempe dans des baignoires de jouvence digitales, flirte avec des tapisseries solennelles sur fond d’opéra au minimalisme magicien (Thyrsis). Pulsant des collages numériques à particules variables, il étale ses sillons de très belle manière, s’appuyant sur une musicalité qui enchante autant pour les doux émois qu’elle procure (Until my blood is pure) que pour les petits accidents sonores qu’elle perturbe (Minutia). On squatte ici dans une virée electro-acoustique qui nous asperge de tréfonds à l’imagination débordante, entre onirisme electro-pop, musique improvisée et musique de chambre. Where I am today abolit une belle brochette de barrières musicales, exhibant une longue rêverie folk tirant parfois vers l’electro-glitchy ou l’easy-listening (de traviole). Mais toujours avec une indéniable sensibilité musicale. Une belle galette…
Wanderer aurait très bien eu sa place sur la nouvelle livraison à prix réduit de chez Leaf. Ce label anglais prestigieux revient dans les bacs avec un disque de 18 morceaux (au prix d’un single), qui permet de (re)découvrir un peu mieux l’éventail qu’il nous propose depuis 1994. Faisant suite aux compilations Osmosis (éditée en 1999) et Lost for words (sorti en 2002), Delivery room expose les travaux d’artistes à géométrie et univers variables. Elle démarre en douceur avec la magie jazzy dérangée d’un Bill Wells entouré de Stefan Schneider et Annie Whitehead, pour ensuite attaquer plus nerveusement avec le remix de Memoria de Murcof, exécuté de mains de maître par le grand Sutekh. Mélodies et samples de violons sont ici coupés en lamelles pour ensuite être éparpillées sur un breakbit nerveux et dansant, voire vicieux. La manière habile dont Sutekh s’empare des sons du Mexicain est envoûtante. A noter que Memoria est issu du premier et excellent album Martes, paru à l’origine en édition limitée sur Context, le label de Monsieur Sutekh aka Seth Horvitz (auteur notamment des très recommandables Deadspan escapement, Periods.make.sense ou encore Incest / Live). Après avoir fait une pause sur les pianos désarticulés de Icarus (qui sort son cinquième album chez Leaf dans la foulée), c’est au tour de 310 de nous déclasser le crâne avec un Emumix qui s’inscrit dans la lignée de leur mirifique After all. Vient ensuite la Ritournelle minimaliste de la jeune française Colleen (découverte par le label Active Suspension et présente sur la compilation Active vs Clapping, mais également auteur de l’opus Everyone alive wants answers). Cécile Schott nous transporte sur une boucle hypnotique, nappée de froissements de papiers glacés et autres chuintements étonnamment séduisants : une réussite. On bondit ensuite sur un peu de breakbit saturé avec le nippon Riow Arai (l’auteur de Mind edit) pour un track spasmodique qui divulgue les bits d’un laptop tortueux. Une fois de plus, le Japonais réussit à faire fondre les basses funk sur des beats gras et sautillants, qui dégueulent un hip-hop digital simple, mais efficace. On notera également la belle participation de Rob Ellis (arrangeur et pianiste de PJ Harvey) avec un Musique for the home N°8 savoureux, qui oscille entre pop fruitée et folk sous acide… Débordante de surprises déroutantes (comme le folktronica de Bill Wells, présent aussi en fin de disque avec le titre A Soldier’s shoulder), cette gracieuse compilation plaira aux habitués du label Leaf ainsi qu’à tous les amoureux de musique plurielle.