La plus belle paire de besouls de toute l’histoire du rock’n roll poursuit son chemin. Et nous avec elle, fidèle toutou que nous sommes. Même si depuis sa découverte (à l’adolescence), on a appris à mordre. Mme Faithfull a toujours retenu notre attention. Récemment encore, en reprenant Kurt Weill (successivement 20th century blues et The Seven deadly sins). On s’était, comme à notre habitude, scrupuleusement penché sur l’intérieur des pochettes, furetant ici la photo prête à nous faire vibrer, là le texte nous permettant d’accéder à la mythologie de la femme sévèrement éduquée aimant le sexe, les drogues.
Sur ce Vagabond ways, la méthode est restée la même. Tout ça a de la tenue, que diable. Mais laissons de côté les visuels pour nous concentrer, enfin, sur la musique. Tout à coup on trouve moins de raisons de s’enflammer. Car à l’écoute de ces dix titres enregistrés l’an dernier, notre cœur balance entre désillusion (finalement la profession de chanteur/chanteuse réussit mieux à la classe biberon) et réelle admiration (rappelons que Marianne Faithfull est une fan chantant pour des fans).
On en vient à se demander ce qui fait qu’on n’est plus en mesure d’écouter de bout en bout un album de la sorte. L’âge ? L’usure d’avoir à subir des clichés ? Que nenni : l’emmerdement, tout simplement. Et le disque de la Dame n’échappe pas à la règle. Résultat : il faut traquer la beauté entre deux crasses (la taupinade For wanting you, par exemple -il y en a d’autres malheureusement). Mais comment rester insensible à sa voix sur File it under fun from the past ? Elle revisite aussi avec bonheur Incarceration of a flower child (hommage à peine camouflé à Syd Barrett) de Roger Waters ou le divin Tower of song de Leonard Cohen. Pas de quoi grimper aux rideaux donc, juste, entre deux blancs imposés, un peu de sérénité retrouvée. Et ce qu’il faut de désinvolture qui va avec.