On sait finalement assez peu de choses de Magga Stina. Qu’elle a étudié le violon fort jeune, puis qu’elle forma un groupe nommé Reptile qui sortit un single –O– sur Bad Taste (le label des Sugarcubes), puis un album, Fame & fossils. On retrouva plus tard la jeune femme dans deux autres formations, Funkstrase et Konrad B’s Big Band, qui eurent une carrière anecdotique. La où l’on a commencé à comprendre, c’est en voyant que cet album -le bizarrement nommé An album– sortait sur Ear, le propre label de Björk.
Là, les choses ont commencé à sérieusement s’éclairer. Magga Stina est donc une petite protégée de Björk, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Les choses se gâtent quand même un tout petit peu à l’écoute du disque, qui, dans les influences comme dans la production, renifle beaucoup sa Björk.
Pas que Magga Stina soit dénuée de tout talent, son petit bout de voix est même plutôt charmant -on pense vraiment toujours à Björk-, mais on se dit que l’on aimerait bien entendre à un moment autre chose que des titres qui pourraient passer pour des ébauches de morceaux de sa fort célèbre compatriote. Sur Naturally ou Agent Bibi -un rapport lointain avec Benjamin Netanyahou ?-, c’est carrément saisissant. Pourtant, l’album ne manque pas de petits moments un peu décalés, un peu baroques, qui laissent à penser que Magga Stina a une personnalité propre, mais on peine vraiment à recoller les morceaux. On aime bien le gentil psychodrame que constitue Battery-love, mais ça fait tout de même un peu juste pour porter aux nues ce disque. Finalement, est-ce un hasard si ces morceaux nous ramènent toujours le même nom au bout des lèvres, ou Magga Stina se serait-elle trop confinée elle-même dans l’ombre de son illustre protectrice, jusqu’à y perdre une bonne partie de sa sève. Il faudra sans doute un autre album pour répondre à cette question.