Slide n’est pas le disque majeur de Lisa Germano qu’on attend depuis Geek the girl, son unique et premier coup de maître en 1994. C’est un album cotonneux et léthargique à tendance dépressive où suintent, çà et là, quelques morceaux sur lequels on aime à revenir comme Wood floors, une grave ballade au piano, mais aussi Guillotine où Germano évoque un « after the storm » qui a dû quand même la secouer et enfin le superbe Reptile qui clôt l’album un peu plus énergiquement. Ce qui est peu dire à l’écoute de l’ensemble…
Pour le reste, on se surprend vite à guetter le dérapage plutôt que le glissement… Qu’il soit sonore ou vocal. Car c’est sur le terrain de l’intensité que Lisa Germano pêche. Tout s’écoule d’une façon un peu trop sage. Seule sa voix évoque les fêlures et les névroses contre lesquelles elle ne se bat plus. Elle subit vraiment passivement. On s’attache alors à la production de l’album (Tchad Blake) qui est un travail d’orfèvre, car jamais uniforme. Et c’est également sans déplaisir que l’on retrouve ici Pete Thomas (ex-Attractions de Costello) et Mitchell Froom, fin producteur (mais musicien ici) et mari de Suzanne Vega dont l’ombre plane parfois sur certains titres (Tomorrowing).
S’il est des albums de saison comme d’autres sont intemporels, ce Slide de Lisa Germano tombe pile pour cette période automnale. Dommage, car il recèle d’éclaircies qui le rehaussent. Ces moments où Lisa Germano, renonçant à toute pudeur, se livre enfin et nous donne la clé de ses songes éprouvants.
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