Elles enlèvent le haut et le bas avec le même aplomb, et forment la nouvelle génération de sopranos tant attendue. Et elles sont à Paris, irrésistibles…
Alors qu’il est de bon ton, dans un certain milieu parigo-lyricomane pisse-froid, de considérer qu’il n’y a plus de diva digne de ce nom depuis Ponselle ou Olivero (Callas, à la rigueur…), on se réjouira, nous, de constater que quelques-unes des plus belles voix féminines de cette fin de siècle -donc, du siècle prochain…- résonneront dans la capitale d’ici à la fin de l’année : voilà un petit moment qu’on n’avait pas été aussi gâté. D’autant qu’il y en aura pour tous les goûts, wagnériens austères et straussiens décadents, et même pour les folles tordues qui ne jurent que par Violetta ou Hanna…
Début des hostilités, comme il se doit, à Bastille, où deux Turandot poids lourd (Alessandra Marc et Sharon Sweet) et deux Liù exquises (Cristina Gallardo-Domas et Barbara Frittoli) s’entre-déchireront en alternance dans une nouvelle production du dernier opus puccinien. Retour du Prêtre bien-aimé et Francesca Zambello à la mise en scène : soirées d’automne mémorables en vue. Emeute garantie, en novembre, pour l’ineffable Maréchale de la Fleming -45 minutes (!) d’ovation, le mois dernier, au terme de son premier récital salzbourgeois : ce Chevalier à la rose-là, c’est rien de dire qu’on a hâte de l’entendre… Enfin, pendant que la blonde Karita Mattila animera, avec le peps qu’on lui connaît, une Veuve joyeuse montée (à Garnier) par l’excellent Jorge Lavelli, l’hystérie sera probablement à son hit, du côté du grand frigo, pour la Gheorghiu : diva assoluta, Traviata révélée au monde par sir Solti (cf. photo) et dirigée, ici, par le maître des lieux -Conlon, verdien raffiné (Rigoletto, l’an passé). Ne pas se priver, néanmoins, d’une autre Violetta d’exception, Victoria Loukianetz, qui triompha il y a deux étés à Salzbourg, sous la direction de Muti.
Ambiance nettement plus recueillie, sûrement, pour la coprod’ haut-de-gamme d’ouverture du Châtelet : Parsifal, ou le « suprême cantique de l’amour divin » selon Liszt. Bychkov à la baguette, Grüber à la mise en scène, Aillaud/Bickel aux décors et costumes (rappelez-vous Don Carlos)… et la Meier, Kundry innée – on réentendra, en mai 98, sa Marie (Wozzeck) d’anthologie. Ruth Ziesak devrait quant à elle déployer des trésors de finesse dans le Hänsel et Gretel de Humperdinck, mené par von Dohnanyi et scénographié par l’incontournable Yannis Kokkos.
Le chic Théâtre des Champs-Elysées, enfin, nous donnera à entendre, en décembre, une a priori très engagée Karen Huffstodt dans un Fidelio dirigé par Louis Langrée, le chef français qui monte, qui monte, qui monte…