Kuedo n’est pas vraiment la nouvelle sensation de la scène UK bass : derrière ce pseudo se cache Jamie Teasdale, moitié des fameux Vex’d. Avec Roly Porter, son comparse qui vient lui aussi de sortir un premier album solo plutôt recommandable, il produisait au milieu des années 2000 un breakstep industriel, à la façon d’un « Meat Beat Manifesto 2.0. », dont les plus fiers représentants se retrouvaient à l’époque sur le bien nommé Destructive Recordings. Des basses proéminentes etdes beats lourds avaient ainsi suffi, à l’époque, pour que le duo soit affilié à la scène dubstep émergente. Après un album et une petite poignée de maxis, le duo a fini par se séparer, Teasdale s’attribuant le nom de Vex’d pour quelques remixes jamais très convaincants. En 2009, il est réapparu sur Planet Mu sous le nom de Kuedo avec un premier EP guère plus enthousiasmant, mêlant laborieusement 2-step asphyxié, 8-bit et bleep ancestraux – soit la même palette de couleurs utilisée par Zomby mais sans jamais être aussi concluant que ce dernier. Seul indice d’un éventuel futur prometteur pour le projet, la berceuse Shutter light girl évoquait Burial (encore lui) mais ne durait qu’une petite minute rêveuse. Malgré ces débuts un poil laborieux, Kuedo a joui à la rentrée d’un joli petit buzz sur le net grâce auxpremiers extraits de sonalbum mis en ligne sur le site du label Planet Mu des semaines en avance.
A priori, rien ne nous prédestinait à réévaluer aussi rapidement Les Chariots de feu de Vangelis. Mais dès Visionning shared tomorrows, ouverture de Severant, Paptahanassiou se rappelle à notre bon souvenir : il l’avait bien mérité, son Oscar de 1981. Le titre suivant, Ant city, invoque une mélodie rétro-futuriste digne d’un remake turkish delight de Blade runner et provoque le coup de foudre. Il faut dire que si Kuedo a le don pour jouer insolemment avec le sentiment d’attraction/répulsion de l’auditeur, il finit toujours par remporter la mise. Aussi quand il rejoue en boucle le refrain prise de tête du Why de Carly Simon sur Scissors, c’est comme si Bernard Edwards et Nile Rodgers se muaient en d’admirables producteurs de footwork. De ce footwork, découvert de ce côté-ci de l’Atlantique seulement l’an passé, Jamie Testable a justement conservé la saccade ; mais il la ralentit aussi, nous rendant déjà nostalgiques d’un genre encore neuf à nos oreilles. Un peu (beaucoup ?) de mauvaise fois, le garçon s’étonne que l’on qualifie sa musique de nostalgique, pourtant il suffit d’aller faire un tour sur son site pour se rendre compte de son goût prononcé pour ce futur antérieur qui ne viendra jamais, avec ses images grossièrement pixélisées façon Amiga 500, ses vidéo d’Ulysse 31, ses photos d’intérieurs 70’s à la mode 2001, l’odyssée de l’espace et ses illustrations SF dans un pur style Alan Daniels ou Colin Hay… Ridley, sache que Kuedo a d’ores et déjà composé la bande-originale de ta suite de Blade runner.