Le nom de ce groupe signant son premier album est tout ce qu’il y a de plus mensonger. Pas l’ombre d’une fille ici, qu’elle vienne de Knoxville ou d’ailleurs, mais une brochette de garçons inspirés, décidés à faire du rock comme on n’osait plus en espérer. Mais d’aussi prestigieux curriculum vitae ne sauraient mentir. Les trois guitaristes sont ex-membres de Boss Hog, Chrome Cranks ou Honeymoon Killers (Jerry Teel), du Gun Club, des Cramps, Bad Seeds et Congo Norvell (Kid Congo Powers), de Little Porkchop ou Congo Norvell (Jack Martin). Bob Bert (batterie) a fait ses classes chez Sonic Youth et Pussy Galore et Barry London (orgue) chez Stab City.
Comme si ces passés musicaux irréprochables ne suffisaient pas, les Knoxville Girls alignent des compositions inspirées, parfois même « inspirées de », variées, servies par une production minimale comme on les aime et un jeu simple, direct, efficace. En bref, pas de solo qui s’éternise ici, des reprises (Charlie Feathers, Ray Charles) qui saluent les maîtres et modèles, et des guitares au son épais et authentique qui donnent envie de se replonger dans les œuvres complètes de Link Wray. Toutes les tendances du rock des pionniers sont revues et corrigées à la sauce Knoxville et les oreilles frétillent de joie en entendant de la country plouc (Warm and tender love), du shuffle (I feel better all over), du rockabilly graisseux, du blues dissonant, du garage authentique avec une ligne d’orgue aussi basique que jouissive (Have you ever), etc. Les fans de tous les groupes cités plus hauts vont forcément adorer.
Les Knoxville Girls ne révolutionnent pas l’histoire du rock, ils insufflent un peu d’air frais au genre qui n’affichait pas toujours une santé flambante ces jours derniers… Et ça suffit amplement à notre bonheur.