Klang s’est formé il y a deux ans, lorsque l’ex-Elastica Donna Matthews (lignes de basse claires) et Isabel Waidner (guitares sommaires) ont rencontré à Londres la batteuse japonaise Keisuke Hiratsuka (groove désincarné). Un premier 7″ minimal et culte, l.o.v.e., retournant aux roots Young Marble Giants mâtinées de post-féminisme Electrelane, avait suscité attente et espoirs. Ceux-ci ne sont pas déçus, No sound is heard donnant à entendre peu mais bien.
Klang jouent en toute simplicité mineure, pauvreté blanche, entre la neurasthénie livide de Lali Puna devenu idéalement lo-fi-punk et le groove simple d’ESG exceptionnellement new-wave. Comme Valérie Trebeljahr du groupe electro-Morr, Donna Matthews évacue l’ennui oppressif du quotidien en quelques phrases lapidaires, formules creuses sans ponctuation (« waiting you don’t know when I met you where it began »), slogans cheap, comptes-rendus dévitalisés (« see we are end in station »), rythmés en pointillés par des soli paupéristes de guitares et des lignes de basse sur une seule corde. Ce minimalisme du groove rappelle autant les magnifiques portoricaines post-punk ESG que la froide distance de Joy Division, dans l’apport de percussions tribales et humbles. Un zeste de métronomie krautrock suffit à emporter le morceau.
Klang résonne comme un coup sec, métallique et salvateur, à une époque où le rock revient prog et baroque. Instantané et épuré, avec sa jolie pochette en papier faite-main, No sound is heard est un son de désolation et donc, de consolation. Less is more, pour le droit à l’essentiel.